L'UMP au milieu d'un gué syrien mouvant
La droite n'a pas la partie la plus facile. A la gauche du PS, comme à la droite de l'UMP, la posture
est simple, Jean-Luc Mélenchon comme Marine Le Pen sont contre une intervention
de la France en Syrie. Et cela, quelles que soient les conditions de cette intervention. Pour l'UMP, la posture est plus compliquée. Après avoir applaudi Nicolas Sarkozy pour avoir envoyé l'armée
française en Libye, après deux ans d'une guerre civile impitoyable, juste après
les images choquantes d'enfants tués à l'arme chimique, il parait difficile de réclamer
l'inaction et l'indifférence de la France. De là à s'aligner sur la posture de François Hollande chef
de guerre, il y a un pas, que l'UMP a du mal à franchir.
D'où cette
impression, que l'UMP multiplie les petits pas contradictoires.
De retour de vacances, chaque responsable UMP avait à cœur de marquer sa prestance
personnelle. L'UMP n'a toujours pas de leader unique. Réclamer un vote démocratique, comme le concédait le
président américain, a paru une bonne posture. Elle permettait de dénoncer une pratique solitaire du pouvoir
de la part de François Hollande.
Sauf que cette
pratique en solo est inscrite dans la Constitution...
Une Constitution instaurée par le général de Gaulle. L'UMP s'est donc rendu compte qu'il était difficile de
contester un principe institué par son mentor. De plus, si jamais François Hollande leur accordait ce
vote, les parlementaires UMP se
retrouveraient obligés soit de lui donner carte blanche en Syrie, soit d'assumer
le fait de laisser le président syrien utiliser des armes chimiques, qui plus
est contre des civils. Les dirigeants de l'UMP ont donc trouvé une parade plus habile :
au lieu de réclamer ce vote , ils posent des conditions impossibles à tenir. Que l'Onu fournisse des preuves, et que l'Onu approuve
cette intervention militaire.
Donc l'UMP s'en remet
à l'Onu.
Effectivement. Cette organisation internationale que le Général
qualifiait de "machin". Mais l'UMP pose surtout des conditions qui ne seront pas
remplies. Des conditions que François Hollande semble décidé à
ignorer par ailleurs. Le chef de l'Etat l'a redit cet après midi.
"ce
crime ne peut pas rester impuni".
Visiblement, l'interview
du président syrien au Figaro a renforcé sa détermination.
"Dans une démocratie, un dictateur peut s'exprimer
dans un journal, insulter ses dirigeants et menacer son peuple", remarque François Hollande.
La menace ne cessera pas tant que le régime de Bachar El
Assad sera en place, précise même le chef de l'Etat. Autant dire que la détermination du président français ne
fléchit pas. Il promet de s'adresser aux français, quand il aura eu
tous les éléments pour forger sa décision. Pas sa décision de sanctionner le régime syrien. Mais sa décision de solliciter, ou non, l'approbation du Parlement. Car pendant que la droite ajuste ses pas d'opposants, François
Hollande ajuste les siens à une situation évolutive sur le plan international.
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