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L'unanimité Valls-Hollande ne va sans doute pas durer longtemps

Depuis les attentats, l’unité nationale règne en France. Le couple exécutif connaît un état de grâce sans précédent depuis le début du quinquennat, mais ça ne va pas durer.
Article rédigé par Anne-Laure Dagnet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Franceinfo (Franceinfo)

Pour l’instant, l’opposition et les frondeurs du Parti socialiste rongent leurs freins, mais ils ne vont pas tarder à sortir les griffes. D’abord sur les mesures que le gouvernement doit prendre pour empêcher de nouveaux attentats. Les discours, c’est bien, Manuel Valls a été applaudi par tous les députés, mardi à l’assemblée, Christian Jacob lui a même fait ce compliment  – et c’en est un dans la bouche du chef de file des députés UMP : "Sarkozy aurait pu faire le même discours" mais après- prévient Jacob – "on attend des actes"

Le gouvernement a pourtant annoncé des mesures, notamment sur le renseignement. Des mesures pour améliorer la chaîne du renseignement, les écoutes et la surveillance dans les prisons, mais pour l’UMP et le FN ça ne suffit pas. Les deux partis se sont lancés dans une surenchère avec des mesures extrêmes : déchéance de nationalité, indignité nationale. Pour tenter d’exister dans cette séquence qui fait la part belle au couple Hollande-Valls.

L’opposition attend le gouvernement sur le reste des mesures

Notamment sur ce qu’il faut faire en matière d’éducation, on sait que des centaines d’incidents - parfois graves - ont été signalés dans les écoles. Et là l’exécutif est plus discret, Manuel Valls se justifie : "Si c’est pour annoncer le plan pipeau 42 ce n’est pas la peine ", voilà ce qu’il lâche en privé. Pour l’école et pour toutes les questions de société, le Premier ministre estime qu’il faut prendre le temps.

Et l’UMP profite du vide pour faire là encore de la surenchère.  Xavier Bertrand propose d’envoyer l’armée dans certaines banlieues pour y rétablir l’ordre républicain. Eric Ciotti revient à la charge sur la suppression des allocations familiales, cette fois pour les parents d’enfants qui ne respecteraient pas les valeurs républicaines.

On revient aux vieux débats entre la gauche et la droite et au sein du PS

Oui, à une nuance près, c’est que - vu le contexte - le gouvernement  a déplacé le curseur à droite, avec des mesures sécuritaires que ne renieraient pas certains ministres de l’Intérieur du gouvernement Sarkozy, notamment le fichier des passagers aériens. Du coup, l’UMP est un peu perdue, et pour exister dans le débat et bien certains n’hésitent pas à en faire un peu trop.

Ca tiraille aussi déjà sur les mesures à prendre, et il y a d’autres sujets qui risquent de faire voler en éclat cette belle unité nationale. Le financement des mesures, alors pour l’instant, Manuel Valls affirme qu’ils peuvent financer les premières décisions, mais si des moyens sont  réellement alloués au renseignement, à la sécurité, aux prisons, aux enseignants. Il faudra trouver de l’argent. Et dès qu’on parle de gros sous. Les vieux réflexes reviennent : l’UMP ne voudra pas entendre parler d’impôt supplémentaire et les frondeurs vont réclamer de la souplesse sur la dette. Des frondeurs qu’on va à nouveau beaucoup entendre sur la loi Macron à la fin du mois, à ce moment-là, l’unité nationale ne sera plus qu’un vieux souvenir.

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