La droite peine à dépasser ses clivages internes
La défaite de Jean-Pierre Raffarin n’est pas celle de Nicolas Sarkozy, ses amis s’évertuent à la dire. Il ne s’est pas mêlé de cette élection, ceux qui le prétendent sont même des "imbéciles" selon Henri Guaino. Pourtant, le sénateur de la Vienne avait bien rallié le camp de l’ancien président de la République, et certains de ses collègues assuraient avoir reçu un coup de fil de l’ancien président de la République pour les encourager à porter Jean-Pierre Raffarin au "plateau".
Mais les votes du sénat relèvent d’une alchimie très particulière et très interne. Les sénateurs détestent que quiconque, aussi éminent et influent soit-il, se mêle de leurs affaires. Toute immixtion produit l’inverse de l’effet recherché, les sénateurs tiennent à leur autonomie comme à la prunelle de leurs yeux. Et à ce jeu, Gérard Larcher avait une longueur d’avance sur Jean-Pierre Raffarin.
Des sarkozystes ont pu voter Larcher
Ce vote ne constitue pas un désaveu de Nicolas Sarkozy pour autant. L’inverse aurait constitué une belle démonstration de sa capacité à soulever des montagnes, mais il ne s’agit pas d’un drame non plus. Les sénateurs sont chatouilleux sur leur vie interne, ils sont plus ouverts en ce qui concerne la vie nationale. Des sarkozystes ont pu voter Larcher assurent des amis du chef de l'Etat. La machine sarkozyste ne s’arrête pas au Sénat.
Demain, l’ancien président de la République sera à Troyes, avec un tout nouveau sénateur, son ancien ministre François Baroin, grandi auprès de Jacques Chirac, mûri auprès de Nicolas Sarkozy. Ce meeting sera l’occasion pour Nicolas Sarkozy de redire sa volonté de rassembler.
Un seul mot "rassembler"
Pourtant, il n’a pas le monopole de cette ambition. François Fillon pourrait également s’en prévaloir, puisque Gérard Larcher est considéré comme l’un de ses proches. Mais il préfère jouer les modestes, en s’illustrant sur les dossiers de fond. Aujourd'hui, François Fillon a préféré présenter son projet pour redresser les finances de la France, que certains comparent déjà à la méthode Thatcher (du nom de la Première ministre britannique réputée pour son libéralisme).
François Fillon, lui, tacle la "prudence" d’Alain Juppé. Le maire de Bordeaux de son côté présente trois priorités sur son blog aujourd'hui : apaiser, rassembler et réformer, à condition de co-construire les réformes avec les Français. Cela fait déjà deux projets présidentiels différents à l’UMP.
Deux projets face à Nicolas Sarkozy, qui n’est que candidat à la présidence de l’UMP, pour l’instant. Une première étape qu’il a jugée obligatoire, mais qui lui fait lancer sa campagne présidentielle deux ans et demi avant l’échéance. Un délai beaucoup trop long, sauf à être persuadé, ou souhaiter, ou faire en sorte que l’échéance ait lieu plus tôt que prévu.
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