La proportionnelle sur la feuille de route de la ou du futur Premier ministre ?

Emmanuel Macron l’avait promise en 2017 mais jamais instaurée. De nombreuses voix réclament à nouveau la proportionnelle, comme une solution au morcellement de l’opinion et donc de l’Assemblée.
Article rédigé par Bérengère Bonte
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Yaël Braun-Pivet est pour une dose de proportionnelle aux législatives (BERTRAND GUAY / AFP)

C’est un peu le monde à l’envers. À l’origine, le scrutin majoritaire – vous avez 50% au 2e tour, vous êtes élu - a été imaginé dans la Ve République pour dégager des majorités claires. Un seul grand parti suffisait à faire une majorité. Un système un peu injuste car les plus petits partis avaient peu d'élus. D’où l’idée de la proportionnelle instaurée en 1985 par François Mitterrand : résultat 35 députés FN à l'élection suivante. Jacques Chirac s’empressera de tout rechanger.

Aujourd'hui, le groupe RN n'a jamais été aussi conséquent (126 députés) et sans la proportionnelle ! Le scrutin majoritaire ne produit plus les mêmes effets parce que le pays est fractionné.

Pourquoi l'idée de changer de mode de scrutin ressurgit dans ce cas ?

Précisément, parce qu'on ne parvient plus à trouver de majorité autre que relative, ce qui oblige à abuser du 49.3. Cette Assemblée reflète de moins en moins l'opinion. En juillet, ceux qui ne voulaient vraiment pas avoir de député RN ont encore accepté de faire front républicain et de voter contre leurs opinions, ce qui modifie la photo finale.

Le constitutionnaliste Jean-Philippe Derosier a calculé ce qu'auraient donné les législatives de 2022 si la dose de proportionnelle que voulait instaurer Yael Braun Pivet au printemps 2024 avait été en vigueur. Les députés NUPES et RN auraient été plus nombreux : 245 en tout contre 233 macronistes. Ingouvernable, mais aussi plus conforme à la réalité du pays. D'autant que chez ceux qui réclament la proportionnelle, il y a aussi une réflexion plus stratégique.

Pourquoi parler de stratégie ?

Prenez le MoDem de François Bayrou notamment qui est très remonté contre l'accord du Nouveau Front populaire. Ce que dit l'un de ses conseillers, c'est que si Emmanuel Macron en nommant le nouveau Premier ministre dans quelques jours, met dans le panier de la mariée la proportionnelle (pour les élections suivantes !), toutes les composantes du NFP retrouvent instantanément leur liberté, fini de se demander s'ils risquent de ne plus avoir d'investiture la prochaine fois. Cela ouvre de nouvelles perspectives pour trouver des coalitions texte par texte.

Au PS, parmi d'autres, Emmanuel Grégoire, planche lui aussi sur le sujet et y voit l'occasion de "promouvoir une vraie culture parlementaire". Globalement, le NFP est pour. Le RN aussi évidemment.

Emmanuel Macron va-t-il le faire ?

Cela n'en prend pas le chemin. "Le président sortirait de son rôle s’il dictait son programme au prochain gouvernement", explique un conseiller. En réalité, il voit aussi ce qu'a donné la proportionnelle aux Européennes : Raphaël Glukcksman à 14%, faisant jeu égal avec Valérie Hayer. Une loi simple suffirait pourtant et celle-là au moins, une majorité semble prête à l'adopter !

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