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La rigueur doit-elle passer par la politique familiale ?

Les allocations familiales doivent-elles être fiscalisées, ou plafonnées suivant le revenu du foyer ? Visiblement, le gouvernement se pose la question, mais prudemment, il attendra le rapport demandé à Bertrand Fragonard, le président du Haut conseil de la famille.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Pierre Moscovici, le ministre de l'Economie a apporté cette
précision ce matin. Le gouvernement ne va pas se précipiter, mais il se demande,
effectivement, comment "réexaminer l'économie générale du système d'aide
aux familles
". Ce sont les termes de Jean-Marc Ayrault dans la lettre de
mission qu'il a confiée à Bernard Fragonard. Le Premier ministre donne des
pistes : "Architecture d'ensemble, efficience des
dispositifs, pertinence de leur ciblage
". Jean-Marc Ayrault attend des propositions pour la fin du
mois prochain, afin de pouvoir prendre des décisions au printemps, avant l'adoption
du budget de la sécu pour 2014. C'est clair donc, le gouvernement cherche les moyens de
faire des économies, en matière de politique familiale...

Et dire cela, c'est
vouloir s'attaquer à un véritable tabou en France...

Qu'il s'agisse des allocations, ou du quotient, dès qu'il s'agit
de famille, la France se divise en deux. D'un coté la droite, qui refuse de toucher à cette entité. De l'autre, la gauche (et pas forcément toute la gauche) qui
hésite à franchir le pas, et parfois revient sur ses pas... C'est ce qui s'était passé en 1998. Face au tollé soulevé
par la suppression de certaines prestations en fonction des revenus, le gouvernement
Jospin avait fait machine arrière.

Aujourd'hui, deux pistes seraient à l'étude, la fiscalisation
des allocations familiales, ou leur plafonnement. L'UMP est déjà vent debout, contre la "casse" ou
la "destruction massive" de la politique familiale, selon ses
termes. Le PC, quant à lui, proteste car il lie ces modulations des
allocations familiales aux exonérations patronales. "La politique familiale
n'est pas une variable d'ajustemen
t", s'indigne Pierre Laurent, le numéro
un communiste.

Mais les socialistes
pourraient s'appuyer sur la gravité de la crise pour justifier cette remise à
plat...

L'objectif des 3%  est
compromis. La croissance ne sera pas au rendez-vous. Il faut bien
trouver d'autres pistes. Pendant la campagne électorale, la question de la modulation
du quotient familial avait été évoquée. Suscitant les mêmes levées de boucliers. L'argument est toujours le même à gauche : est-il juste
que certaines familles aisées, ou très aisées, bénéficient du même système que
les moins favorisées ? Ne serait-il pas plus juste de redistribuer une partie du
surplis issu de ces nouvelles recettes ou économies ?

Non, répondent certains à droite, car c'est une question de
principe à leurs yeux, les aides aux familles ne sont pas destinées à la
redistribution des richesses. Les allocations ne servent pas à "rétablir l'équilibre et la justice entre des personnes qui ont
plus ou moins de revenus,"
explique l'UMP Nathalie Kosciusko-Morizet,  "Elles servent, à niveau de revenus équivalent,
à donner un avantage à ceux qui ont des enfants
." Entre le gouvernement qui entend répartir l'effort plus
justement en tant de crise, en demandant plus, à ceux qui ont plus ; et la
droite qui estime que parce qu'elles investissent pour l'avenir, avec leurs
enfants, les familles doivent être tenues à l'écart, le débat est posé en
termes idéologiques. Au bon sens du terme.

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