Législatives 2022 : la gauche veut-elle vraiment gagner ?
Un accord a été conclu la nuit dernière entre les Insoumis et les écologistes en vue des législatives, les discussions se poursuivent avec les socialistes et les communistes.
Le but de cette alliance est de remporter une majorité à l’Assemblée nationale. C'est en tout cas ce que clame Jean-Luc Mélenchon : le Premier ministre, c’est lui ! C’est ce que disent les affiches "Mélenchon Premier ministre !" placardées par les Insoumis. Officiellement, il s’agit donc de porter le chef de file de LFI à Matignon et d’imposer une cohabitation à Emmanuel Macron. Pour autant, même si l’accord à gauche se conclut dans les prochaines heures, la victoire aux législatives est encore lointaine.
En réalité, ce n'est pas le principal objectif de la gauche. L'écologiste Julien Bayou a d'ailleurs vendu la mèche en expliquant que les Insoumis soumettaient à la discussion commune une liste de… 165 circonscriptions jugées gagnables. 165, c’est loin de la majorité de 289 sièges.
Le vrai but de la gauche est double : d’abord survivre, ensuite, préparer la reconstruction. Survivre, c’est-à-dire ne pas disparaître de l’Assemblée. Or, avec la règle des 12,5 % d’inscrits nécessaire pour se qualifier, et la faible participation attendue (51% d'abstention il y a cinq ans), la gauche éclatée en trois ou quatre candidats risque de ne même pas être présente au second tour. Il faudra environ 25% des voix pour y parvenir. Et depuis l’instauration du quinquennat, le camp qui perd la présidentielle voit une bonne partie de ses électeurs se démobiliser. Il y a cinq ans, Mélenchon avait obtenu 19 % des voix à la présidentielle et les Insoumis seulement 11 % aux législatives.
La gauche veut surtout préparer la suite
C'est le véritable enjeu de la révolution copernicienne en cours à gauche. Mélenchon a affirmé son leadership à la présidentielle et contrairement à 2017, il veut cette fois transformer l’essai aux législatives. Pour la première fois depuis le début des années 70, la force la plus radicale s’apprête à prendre les commandes de la gauche.
Le problème, c’est que dans cette configuration, la gauche n’a jamais gagné les élections. En 1936 comme en 1981, 1997 ou 2012, à chaque victoire, elle était conduite par les réformistes, les socialistes. Quand les communistes dominaient, elle perdait. Dans toute l’Europe, la gauche radicale n’a gagné qu’une seule fois : ce fut Syriza en Grèce, en 2015. Et pour gouverner, le Premier ministre grec Tsipras a aussitôt abandonné sa menace de quitter l’euro, ce qui lui a valu d’être qualifié de "traître" par Jean-Luc Mélenchon. Ce n’est pas un hasard si cette fois encore, l’Europe apparaît comme le principal point de blocage des discussions, les socialistes récusant la "désobéissance" à l’Union prônée par les Insoumis
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