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Législatives : Jean-Luc Mélenchon entre les attaques contre Emmanuel Macron et le respect de la fonction présidentielle

Jean-Luc Mélenchon veut gagner les législatives pour imposer une cohabitation à Emmanuel Macron. À quoi pourrait-elle ressembler ?

Article rédigé par franceinfo - Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, lors d'un meeting à Paris le 1er juin 2022 (FRED DUGIT / MAXPPP)

Jean-Luc Mélenchon l'a promis dès le lancement de sa campagne législative, fin avril : "Pour Macron, ce sera l’enfer", disait-il. Pour les pauvres, en revanche, ce sera le paradis puisque dès cet été, avec Mélenchon à Matignon, "l’air sera plus léger et le soleil plus beau", a-t-il dit mercredi 1er juin en conclusion d’un meeting à Paris.

Avec Emmanuel Macron, ce serait donc plus nuageux et même franchement sportif. On s’en doute au vu des propos tenus par Jean-Luc Mélenchon à son endroit depuis cinq ans. "Un gars, un banquier, tombé de nulle part", le chef de l’État "le plus mal élu, sans mandat", et donc sans grande légitimité. Ou encore, "un président immature qui s’agite comme un petit garçon avec ses arcs et ses flèches" dans la guerre en Ukraine, en mars pendant la campagne présidentielle.

Mais à l’approche de l’élection, Jean-Luc Mélenchon adoucit le ton. Difficile de continuer à taper aussi fort sur celui que l’on somme de vous nommer à Matignon. Le leader des Insoumis met en donc avant la Constitution et "l’intérêt de la Nation" comme gages de leur future bonne entente. En fait, Jean-Luc Mélenchon oscille entre deux attitudes. D’un côté, il se fait respectueux envers la fonction pour rassurer l’électeur qui redouterait un climat de guerre civile entre les deux têtes de l’exécutif en cas de cohabitation. Mais de l’autre côté, il continue d’en rajouter dans l’antimacronisme virulent parce que c’est le ciment de la fragile unité de la gauche. Haro sur la "maltraitance sociale du macronisme" et son chef, coupable d’avoir instauré "l’enfer pour les pauvres". 

À l’Elysée, on ne croit guère à cette hypothétique cohabitation

À tout hasard, on prévient : le fameux "domaine réservé" laisserait la main au président sur la politique étrangère, c’est-à-dire l’appartenance à l’Otan, la guerre en Ukraine et même le respect des traités européens.

Au passage, Emmanuel Macron laisse entendre que si la Nupes gagne, rien ne l’oblige à nommer Jean-Luc Mélenchon à Matignon. D’autant que celui-ci, pas candidat, ne sera pas député. La logique institutionnelle voudrait plutôt que, comme lors des cohabitations précédentes, le président choisisse un député issu du principal groupe de la nouvelle majorité. Par respect du parlementarisme, et de "l’esprit de la VIe République" chère à Jean-Luc Mélenchon.

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