Édito
Les insoumis ont-ils une chance de destituer Emmanuel Macron ?

Ils brandissent la menace d’une possible destitution si le président ne nomme pas Lucie Castets à Matignon. Le hic, c’est qu’ils paraissent bien seuls.
Article rédigé par Aurélie Herbemont
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Le président de la République, Emmanuel Macron, le 2 août 2024. (OLI SCARFF / AFP)

Les partisans de la conflictualisation sont rentrés de vacances et ils le font savoir bruyamment dans la Tribune du Dimanche avec cette menace à destination du chef de l'État : si Emmanuel Macron ne nomme pas la représentante désignée par le Nouveau Front populaire Première ministre, Jean-Luc Mélenchon, Manuel Bompard et Mathilde Panot veulent enclencher une procédure de destitution du président de la République.

Ils accusent le chef de l'État de faire "un coup de force institutionnel contre la démocratie" et de pratiquer "l'abus de pouvoir" en restant sourd aux demandes de la gauche qui revendique Matignon. Censurer un gouvernement qui ne leur conviendrait pas, c'est insuffisant aux yeux des insoumis qui préfèrent viser directement le chef de l'État avec l'artillerie lourde, et donc cet article 68 de la Constitution qui prévoit que les parlementaires puissent révoquer le président de la République.

L'ambition présidentielle de Mélenchon en toile de fond

Mais ont-ils une chance de parvenir à leurs fins ? A priori non, car très vite, les insoumis ont été rattrapés par leurs camarades du NFP. Dans leur tribune prônant la destitution, les leaders de LFI écrivent qu'il "faudrait évidemment l'expliquer avec soin devant notre peuple". Manifestement, il aurait aussi fallu commencer par l'expliquer avec soin à leurs partenaires de gauche, puisque le socialiste Olivier Faure a tout de suite répliqué que cette initiative n'engageait que LFI et assené le coup de grâce : "la destitution est impraticable" car elle suppose que les deux tiers des parlementaires fassent front commun contre le chef de l'État. Si vous retirez déjà les députés socialistes ainsi que les écologistes et les communistes qui ne semblent pas non plus emballés, cette menace de destitution a tout du coup d'épée dans l'eau et ajoute un nouveau ferment de la discorde au sein du Nouveau Front populaire alors qu'ils devraient justement faire bloc pour essayer de convaincre Emmanuel Macron de nommer Lucie Castets quand le chef de l'État les recevra tous vendredi. 

Mais alors pourquoi les insoumis prennent-ils cette initiative, si même leurs alliés ne suivent pas ? Pour montrer que jamais les insoumis ne rendent les armes ni ne se soumettent et qu'ils ne sont jamais à court d'idées quand il s'agit de tendre le débat politique. Et puis il y a sans doute des arrière-pensées derrière une très hypothétique destitution du chef de l'État. En cas de destitution, il y aurait une élection présidentielle anticipée, élection suprême à laquelle Jean-Luc Mélenchon n'a jamais renoncé. Et plus elle interviendrait tôt, plus le leader insoumis aurait des chances de s'imposer comme candidat à gauche, car jusqu'ici, personne n'émerge clairement pour le remplacer, alors que dans deux ans et demi, qui sait ? 

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