Mais qui connaît Monsieur de Saintignon ?
A peine lancé, déjà enterré. L'appel à Martine Aubry n'aura pas tenu 24h. Adressé à tous les députés et sénateurs socialistes de la région, un projet de lettre ouverte a été bien vite remisé au placard. Des proches de la maire de Lille ont fait clairement savoir qu'elle n'était pas plus intéressée aujourd'hui qu'hier. Fin de l'histoire, donc : Pierre de Saintignon sera bien le candidat socialiste en région Nord-Pas-de-Calais-Picardie.
Détail significatif : Pierre de Saintignon n'a pas de fiche Wikipedia. Il est actuellement premier vice-président de la région Nord-Pas de Calais et premier adjoint de la maire de Lille. C'est donc un fidèle parmi les fidèles de Martine Aubry, qui le lui rend bien. "Elle est arc-boutée sur sa candidature , explique un observateur averti, même si beaucoup pensent qu'il n'est pas le meilleur ". Martine Aubry n'ira pas, donc, remplacer son protégé, ceux qui le souhaitaient en seront pour leurs frais. "Faire un appel à une personne qui ne veut pas y aller, ça ne sert pas à grand-chose , se désole l'un d'eux, cela ajoute de l'angoisse à l'angoisse ".
Deal en vue du congrès PS
A l’origine, d'autres candidats étaient pourtant sur les rangs : le ministre des Sports Patrick Kanner, ancien proche d'Aubry devenu son ennemi, renommé d'ailleurs "ministre du sport de combat dans le Nord" par l’une de ses collègues au gouvernement. Egalement candidat à la candidature, Frédéric Cuvillier, ancien secrétaire d'Etat, maire de Boulogne sur Mer, ou encore le député du Nord Bernard Roman.
Tous se sont finalement retirés au profit de Pierre de Saintignon, suite à un deal passé avec Martine Aubry dans la perspective du congrès du PS. Elle s'est engagée à soutenir la motion majoritaire avec, parmi les contreparties, la candidature de son protégé comme tête de liste aux régionales.
Marine Le Pen : "Aubry n’a pas le courage de venir "
La candidature de Pierre de Saintignon ne se présente pas au mieux. Un sondage publié ce mardi par le Figaro place Marine Le Pen très largement en tête avec 32% des intentions de vote contre 26% au candidat LR Xavier Bertrand et 18% au socialiste. Marine Le Pen ironise d'ailleurs sur sa candidature : "il est là parce que madame Aubry n'a pas eu le courage de venir ".
De son côté, la direction du PS soutient le candidat désigné : "un candidat tout à fait efficace et nécessaire", à entendre Jean-Christophe Cambadelis, qui appelle au "rassemblement de la gauche et des écologistes pour faire barrage à Marine Le Pen". Mais déjà le Front de gauche décline : "pas d'alliance artificielle d'états-majors dès le premier tour" et la candidate écolo n'a aucune envie de lâcher l'affaire.
Cuvillier en embuscade ?
Les cartes pourraient être rebattues dans quelques semaines. C'est un socialiste du Nord, très impliqué dans cette affaire, qui le dit : "si en septembre, Marine Le Pen n'est plus à 32% mais à 37%, et que Pierre de Saintignon n'est plus à 18 mais à 15, si par ailleurs il n'y a pas d'union de la gauche au premier tour, alors la question sera de savoir si on accélère devant le mur ". Qui, alors, pour remplacer Pierre de Saintignon ? Patrick Kanner se réserve, dit-on, pour Lille, mais Frédéric Cuvillier se tiendrait prêt : "Je prendrai part au combat, on va la faire perdre ", affirme le maire de Boulogne sur Mer sans en dire plus sur ses intentions. Mais "tout cela est encore un long chemin et en politique, tout change souvent vite ", glisse un proche. Dans un premier temps, Frédéric Cuvillier pourrait se présenter comme tête de liste départemental chez lui dans le Pas-de-Calais.
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