Plan de sobriété énergétique : Emmanuel Macron a pris goût à la gestion du pays par temps de crises
Le gouvernement a présenté jeudi un plan de sobriété énergétique destiné à baisser la consommation de 10 % pour passer un hiver qui s’annonce difficile. Elisabeth Borne a volontiers usé d’un ton très solennel…
L’exécutif recourt au registre de la dramatisation. En matière de gaz et d’électricité, l’enjeu cet hiver, c’est baisser ou couper. L’heure est bien à la "mobilisation générale" : la Première ministre a dégainé l’expression jeudi 6 octobre, lors de la présentation du plan de sobriété énergétique.
>> Plan de sobriété énergétique : découvrez les principales mesures prises par le gouvernement
Plusieurs ministres sont montés au créneau, Emmanuel Macron s’est adressé à des entrepreneurs, et le chef de l’Etat interviendra même mercredi prochain sur France 2. Cela fait un peu plus d’un mois, que le gouvernement attise un peu plus, jour après jour, cette stratégie de la tension. Depuis que, fin août, le Président a décrété la "fin de l’abondance". Avec ce plan et cette batterie de mesures, on rentre dans le dur !
Avec ce plan de sobriété énergétique, le gouvernement veut suivre la mise en oeuvre dans la durée. La preuve avec le gouvernement qui reviendra devant les Français pour communiquer chaque semaine l’évolution de notre consommation de gaz et d’électricité. Ca vous rappelle quelque chose ? Évidemment, la litanie des courbes et chiffres, de contaminations ou d’hospitalisations, égrenés chaque jeudi par Jean Castex, Olivier Véran et Jérôme Salomon pendant la pandémie.
Des annonces, mais pas de mesures coercitives
Et bien, face à la crise énergétique comme face au virus, nous voilà de nouveau "en guerre", comme disait Emmanuel Macron. Bien sûr, le risque de pénurie est réel, mais la stratégie politique aussi. Emmanuel Macron a pris goût à la gestion du pays par temps de crises. Le maintenir sous tension, c’est aussi un moyen de chercher à bâtir une forme d’unité nationale autour de l’exécutif... Mais sans prendre de mesures coercitives. Et c’est toute la limite de la stratégie déployée jeudi 6 octobre. Des objectifs ambitieux, un discours martial, mais seulement des incitations à agir, et même des primes, mais pas d’obligations et encore moins de sanctions. En tous cas, pas pour l’instant. Le gouvernement en appelle au volontarisme citoyen mais sans vouloir sortir le bâton. C’est compréhensible.
C’est aussi la voie qu’il avait fini par suivre au fil des vagues du Covid, après les confinements et interdictions initiaux. Le problème, c’est que dans le même temps, l’exécutif s’applique aussi à limiter l’impact de la hausse des prix de l’énergie pour aider les consommateurs. Or, le civisme ne suffit pas toujours pour se convertir à la sobriété. Et qu’une facture qui s’envole est souvent plus efficace.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.