Présidentielle 2022 : Eric Zemmour plombé par sa "poutinophilie"
Le candidat à la présidentielle a longtemps rêvé d'un "Poutine français", il cherche maintenant à changer de sujet : c'est l'édito politque de Renaud Dély.
Bousculé par la guerre en Ukraine, le candidat Eric Zemmour traverse une mauvaise passe qui se traduit depuis une semaine par une nette baisse dans les sondages. C’est même une dégringolade. Le polémiste a perdu 3 à 4 points en quelques jours, il est estimé entre 12 et 13% d’intentions de vote au premier tour de la présidentielle et se retrouve largué par sa rivale d’extrême droite, Marine Le Pen. Il est même de nouveau devancé par Valérie Pécresse. Eric Zemmour est donc plombé par sa "poutinophilie". Lui qui rêvait de longue date d’un "Poutine français" a répété jusqu’au bout que le président russe n’attaquerait pas l’Ukraine et qu’il ne fallait pas se laisser intoxiquer par "la propagande des services américains". Tout faux. Alors qu’une guerre éclate en Europe, Zemmour se retrouve dans le mauvais camp. Ce qui la fiche mal quand on se prétend patriote.
Le candidat Zemmour a condamné l’attaque de Vladimir Poutine, mais pas si clairement. Il a qualifié Vladimir Poutine de "seul agresseur", mais il s’est aussitôt employé à accabler "les responsabilités de l’Otan". Eric Zemmour a même repris à son compte certaines revendications du président russe comme un traité consacrant "la fin de l’expansion de l’Otan" ou un statut de neutralité pour l’Ukraine.
Poutine, un "démocrate" selon Eric Zemmour
D’ailleurs, il n’est pas solidaire des Ukrainiens puisqu’il refuse que la France accueille de réfugiés, y compris les femmes et les enfants qui fuient les bombes russes. Le candidat d’extrême droite veut les laisser en Pologne, qui en accueille déjà plusieurs centaines de milliers, parce qu’il ne faut pas "les arracher trop loin de leur pays…", dit-il. Au fond, Zemmour n’arrive pas à rompre avec ce Poutine qu’il a si longtemps admiré. Pendant des années, il en a fait notamment "le dernier rempart face au multiculturalisme et au communautarisme gay" ou encore un symbole de "l’opposition à la décadence occidentale". D’ailleurs, lundi, alors que les bombes pleuvaient sur Kiev, Eric Zemmour, sur RTL, qualifiait encore Vladimir Poutine de "démocrate autoritaire".
Le candidat préfèrerait sans aucun doute changer de sujet. Et en revenir à ce fantasme du "grand remplacement" qu’il a agité pendant des mois. Eric Zemmour considère que le conflit en Ukraine est en train de voler le débat démocratique… Sauf que l’on peut affirmer exactement l’inverse : une guerre en Europe, presque à nos portes, il n’y a pas d’enjeu présidentiel plus fort pour distinguer les candidats qui demain, une fois à l’Elysée, défendraient la liberté et l’indépendance de la France. Et celui qui, au contraire, face à une puissance étrangère menaçante, risquerait fort de n’être que le président de la soumission.
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