Remanier et élargir la majorité : pour Emmanuel Macron, le retour à la case départ
Les consultations menées par Elisabeth Borne avec les présidents de groupes à l'Assemblée n'ont pas dégagé de certitudes pour le gouvernement, contraint de composer avec une majorité relative.
Après avoir enchaîné Conseil européen, sommet du G7 puis sommet de l’OTAN, Emmanuel Macron est de retour à Paris. Avec une situation politique toujours aussi complexe à gérer. Un retour à la case départ, en quelque sorte. Après cette longue parenthèse internationale, le casse-tête à résoudre n’a pas changé. Comment élargir et conforter sa majorité ?
Elisabeth Borne a consulté toute la semaine les présidents de groupes de l’Assemblée. La Première ministre s’est vue confortée à son poste par le Président dans une interview à l’AFP. Mais son supérieur revient donc à Paris pour relever les copies. Et pour l’heure, le résultat n’est pas fameux et la mission toujours aussi délicate. La première étape, c’est un remaniement rendu indispensable par la défaite de trois ministres aux élections législatives, Amélie de Montchalin, Brigitte Bourguignon, et Justine Benin. Le sort d’un quatrième, Damien Abad, est incertain depuis qu’il fait l’objet d’une plainte pour une tentative de viol qui remonterait à 2010. Elisabeth Borne avait affirmé qu’elle tirerait "toutes les conséquences" d’un nouvel acte de procédure, mais l’Elysée semble plus réticent et rappelle l’ouverture d’une enquête ne vaut évidemment pas culpabilité, et pas même mise en examen.
Sortir de l’ambiguïté
Le nouveau gouvernement doit être dévoilé au plus tard mardi. Tout simplement parce que mercredi, Elisabeth Borne est attendue à l’Assemblé pour son discours de politique générale. Pas sûr que l’exécutif parvienne à attirer dans ses filets quelques gros poissons, peut-être des maires ou des présidents de région de droite puisque plusieurs d’entre eux ont appelé LR à travailler avec Emmanuel Macron. Au-delà du casting, le discours de politique générale est un rituel républicain qui implique que la Première ministre présente un programme de réformes détaillé, ce qui va contraindre l’exécutif à sortir de l’ambiguïté sur plusieurs dossiers, notamment celui, explosif, des retraites.
Elisabeth Borne va-t-elle solliciter un vote de confiance des députés ? Pas sûr. Elle hésite, et rien ne l’y oblige. En leurs temps lointains, Raymond Barre ou Michel Rocard ne l’avaient pas fait. Et le risque d’échec est lourd. Elle ne dispose que de 250 voix assurées, peut-être 260 ou 265 au maximum. Loin de la majorité absolue de 289. Obtenir une majorité relative grâce à l’abstention de la droite la mettrait dans la main de LR. L’abstention du Rassemblement National susciterait, elle, un gigantesque tollé à gauche. Et puis surtout, ce vote, même positif, ne règlera rien. C’est après, au jour le jour, texte par texte, que l’exécutif va devoir inventer cette "méthode nouvelle" promise par Emmanuel Macron pour avancer au fil de cette législature de tous les dangers.
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