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Remaniement : un discours de politique générale sans vote de confiance, un aveu de fragilité pour Elisabeth Borne ?

Mercredi, à l’Assemblée nationale, la Première ministre va faire son discours de politique générale, sans engager ensuite sa responsabilité face aux députés. Ce n’est pas une obligation constitutionnelle, mais est-ce que cela ne démontre sa fragilité ?

Article rédigé par franceinfo - Jean-Jérôme Bertolus
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
La Première ministre Elisabeth Borne, à Matignon (Paris), le 19 juin 2022.  (LUDOVIC MARIN / POOL / AFP)

Pas d'obligation. La Première ministre Elisabeth Borne ne sollicitera pas la confiance des parlementaires, mercredi, lors de sa déclaration de politique générale à l'Assemblée et au Sénat.

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Ainsi, quand Raymond Barre le Premier ministre de Valéry Giscard d’Estaing, refuse, en 1976 , selon ses propres termes une confiance accordée "en rondelles", c’est qu’il subit le pilonnage de Jacques Chirac. Quand les trois Premiers ministres socialistes de François Mitterrand - qui se succèdent à partir de 1988 -, refusent à leur tour de demander la confiance, c’est aussi le constat que, sans les centristes, ils ne disposent pas d’une majorité absolue à l’Assemblée Nationale.

Pour Elisabeth Borne, l’absence de vote à l'issue du discours de politique générale n’est pas vraiment un choix, mais une nécessité pour lui éviter d’être renversé quelques semaines après sa nomination. Rien que le terme de "vote de confiance" montre bien l’autorité qui aurait pu en découler pour Elisabeth Borne, avec, de surcroît, un message de respect adressé aux députés dont on sollicite le vote.
A l’inverse, s’y soustraire, comme elle va le faire après beaucoup d’hésitation, montre qu’elle tient d’abord son pouvoir du président de la République, et que son poids en tant que cheffe de la majorité et du gouvernement est limitée. D’où, lundi 4 juillet, ce remaniement singulier, où des ministres confirmaient eux-même leur maintien au gouvernement, comme Bruno Le Maire. La politique est toujours un rapport de force.

Un risque bien plus important

Cela représente, en réalité, un sérieux risque. En privé, la Première ministre observe qu’on ne pouvait pas lui demander de sauter de la falaise, sur le mode "T’es pas cap". Car le calcul est vite fait : le gouvernement compte 20 députés, 21 avec la Première ministre. Ce sont des ministres du premier gouvernement d’Elisabeth Borne, qui se sont présentés aux élections législatives et qui ont été reconduits dans le nouveau gouvernement et des nouveaux qui ont fait leur entrée sur la scène ministérielle. Et c’est autant de voix qui aurait pu manquer à Elisabeth Borne.

Car ces 21 ne siègent plus à l’Assemblée. Et leurs suppléants n’a pas encore le droit de les remplacer. Le code électoral prévoit en effet que les suppléants ne peuvent prendre la place d’un ministre député que dans un délai d’un mois.
Avec la majorité relative sortie des urnes, il aurait pu manquer plus d’une cinquantaine de voix à Elisabeth Borne pour obtenir la confiance à la majorité absolue. Elle aurait été dans la main des oppositions. 

Cela veut-il dire qu’il aurait fallu que LR et le RN s’abstiennent ? Oui, le vote est comptabilisé en fonction des suffrages exprimés. Puisque la Nupes a déjà indiqué qu’elle ne voterait pas la confiance, cela signifie a contrario que la Première ministre aurait dû compter sur l’abstention de LR et du RN. La prochaine étape, c’est maintenant la motion de censure qui sera déposée par la France Insoumise. Sur ce point, Elisabeth Borne est rassurée : comme le RN ne votera pas cette motion, elle n’a aucune chance d’être adoptée. Les socialistes, de leur coté, hésitent à se joindre aux Insoumis. Finalement, malgré l’absence de vote de confiance, cette motion de censure pourrait offrir mercredi une première victoire politique à la Première ministre, grâce à son rejet et la division de la Nupes.

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