Une nouvelle carte des régions sans douleur
Pour faire simple, six régions ne changent pas: l’Ile de France, le Centre, les Pays de la Loire, la Bretagne, la Provence-Alpes Cote d’Azur et la Corse. Les autres fusionnent avec une ou deux régions voisines. Deux exemples: la région Midi-Pyrénnées – Languedoc Roussilon er la région Poitou-Charentes – Aquitaine – Limousin. La carte ainsi dessinée comporte donc 13 régions.
Le gouvernement est revenu à son projet initial, projet découpé jusqu’à la dernière minute par François Hollande avant sa présentation. Il y aura donc eu plus de six mois de discussions, pour en arriver… au point de départ. Ce qu'on retiendra de ces longs débats et de ces allers-retours à l’Assemblée nationale et au Sénat: l’Alsace est toujours contre - elle ne veut pas fusionner avec la Champagne – Ardenne et la Lorraine et continue de manifester tous les samedis pour ça -; et Martine Aubry, la maire de Lille, aura fait entendre, un temps, son opposition à la fusion du Nord Pas-de-Calais avec la Picardie, avant de ne plus insister sur le sujet.
Un équilibre difficile à trouver
Si l’on regarde les choses calmement, une majorité de régions étaient favorables à ces fusions. Et globalement, selon les sondages compilés aujourd’hui par le journal Le Monde, les français sont pour cette nouvelle carte. Ce qui, vu le contexte de défiance général, est plutôt pas mal.
Mais les questions sont ailleurs. Le gouvernement veut créer des ensembles de 3 millions à 5 millions d’habitants, ne pas retoucher dans un premier temps aux départements, et compter pour chacune de ces grandes régions deux ou trois grandes métropoles. En revanche sur le plan économique, l’équilibre est beaucoup plus difficile. Il y a des régions en déclin, d’autres plus dynamiques.
Autre difficulté de cette nouvelle carte: elle ne prend pas en compte l’identité des territoires, c'est-à-dire le sentiment pour un habitant d’appartenir à une région plus qu’à une autre. L’appartenance, c’est un tout, c’est l’histoire, c’est l’attraction économique, la distance avec les capitale régionales, les déplacements etc. Tout cela doit se retrouver dans le découpage, et ce ne sera pas évident pour tout le monde de s’y retrouver.
Que doit encore faire le gouvernement?
Expliquer, expliquer… et expliquer encore. Expliquer pourquoi il fusionne des régions, qu’est-ce que cela changera demain. Sinon le seul sentiment qui restera, c’est celui d'un charcutage des régions pour faire des économies d’échelle, parce que l’Etat n’a plus d’argent. Tout cela passe aussi par une clarification des compétences. Que vont faire ces nouvelles régions plus puissantes ? Le travail ne fait que commencer, le débat a débuté hier au Sénat !
Une opération à visée électorale ?
Vous pouvez soupçonner le gouvernement de beaucoup de choses, mais pas de chercher à atténuer sa déroute électorale annoncée. Nous voterons pour les régionales à la fin de l’année prochaine. Et avec 13 régions, les projections sont encore plus sévères qu’avec 22. L’UMP est bien placée pour remporter 7, 8 ou 9 régions sur 13. Le Parti socialiste sera particulièrement attaqué par les scores du Front national. Le FN peut même caresser l’ambition de remporter deux régions : le Nord Pas-de-Calais – Picardie et la région PACA. Les socialistes, dans ces projections, conserveraient 3 ou 4 régions au plus.
Tout sauf une opération de redécoupage opportuniste…
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