"Enjoy" : un thriller prenant sur la société uberisée
Abel est un étudiant brillant mais précaire. Pour arrondir ses fins de mois, il est livreur à vélo chez Enjoy. Montrer les coulisses d’une société uberisée, c’est le point fort de cette nouvelle série, Enjoy, tournée comme un thriller nerveux. Benoît Marchisio avait d’abord écrit un livre,et il s’était déjà documenté avant d’en faire une série.
"Quelle est leur relation avec l'application. Parce qu’en fait, leur seul 'patron', c'est leur téléphone. Tout transite par le téléphone, les règles, la rémunération, ces histoires de challenge qui leur permettent d'augmenter leurs revenus s'ils arrivent à faire un certain nombre de livraisons en un minimum de temps. Moi, j'ai eu la chance d'interroger des livreurs, des avocats qui les défendent. Même les notifications qu'on voit dans la série sont inspirées de vraies notifications que reçoivent les livreurs : les challenges notamment. Si vous livrez 10 fois entre 12h et 14h, on vous donne 5 euros de plus. Ça, c'est une vraie notification."
Dans Enjoy, Benoît Marchisio croise les destins du livreur, d’un jeune avocat idéaliste et d’une stagiaire journaliste qui atterrit dans une chaîne à sensation. Là encore, l’auteur s’est documenté. "On a eu des échanges avec quelques journalistes qui travaillent dans des chaînes d'information en continu, qui nous ont confirmé par exemple qu'il y a des journalistes qui fouillent les réseaux sociaux pour trouver des sujets. Ça, c'est quelque chose qui nous a été confirmé. Et le côté un peu 'on bouscule le sommaire à la dernière minute', parce qu'on a un truc qui buzze, on nous a dit que c'était réel."
Enjoy se regarde comme un polar. Mais c’est aussi surtout le portrait croisé hypermoderne des jeunes adultes, explique Benoît Marchisio. "On s'est dit qu'on voulait faire une série sur les jeunes adultes qui rentrent dans le monde du travail, et sur les compromis et parfois les compromissions qu'ils sont obligés de faire pour justement s'insérer dans ce monde-là. Donc ça vient effectivement avec des désillusions, des déceptions. Il faut parfois remiser au placard certains de nos idéaux pour rentrer dans un moule. Ils sont tous un peu contraints par ce monde-là et après, il y a toujours de place pour se rebeller."
Ajoutez d’excellents comédiens, dont Jean Désiré Augnet dans le rôle du livreur, qui a reçu à La Rochelle un prix au festival de la fiction, et Bruno Salomone qui incarne un personnage au croisement d’un Pascal Praud et d'un Cyril Hanouna. Et vous obtenez une série à la fois prenante et passionnante.
SIx épisodes disponibles gratuitement sur France TV, et diffusés demain soir, lundi 25 novembre, en deuxième partie de soirée sur France 2.
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