L'empire des séries. La police corrompue à Baltimore, racontée par le créateur de la série "We own the city"

David Simon n’est pas seulement le brillant auteur de la série Sur Écoute, formidable fresque des années 2000 toujours d’actualité qui raconte Baltimore, ses trafics de drogue, sa police dépassée, le chômage qui monte et la faillite du système éducatif. Il est aussi un animal politique. 20 ans après Sur écoute, le même David Simon crée cette année une nouvelle série qui revient voir ce qui se passe à Baltimore. Et ce n’est pas réjouissant.

We own the city ("La ville nous appartient"), c’est l’incroyable histoire de corruption dans la police qui a défrayé la chronique il y a quatre ans. Une unité entière de Baltimore créée en 2007 dont les policiers volent, brutalisent, organisent même un trafic de drogue. Une histoire vraie racontée au départ par un autre journaliste de Baltimore, Justin Fenton. "Justin Fenton est mon successeur au quotidien. Quand je lisais ses articles sur cette unité policière à Baltimore, je l’ai appelé et je lui ai dit : c’est un livre ! tu dois prendre du recul et faire un livre de cette histoire car cela doit devenir une œuvre à part entière", raconte David Simon.

"Nous avons écrit le point final de Sur écoute en 2007. C'était il y a 15 ans. Ça correspond à la durée d’une carrière dans la vie d'un flic en Amérique. Une carrière de policier dure environ 20 ans, 25 ans. Ce n'est pas une carrière que l'on mène pendant 40 ou 50 ans. La plupart des policiers qui ont été impliqués dans ce scandale, qui ont touché le fond, n'étaient même pas sortis de l'académie quand nous avons terminé Sur Écoute. Dans le département de police que j'ai couvert, est ce qu’il y avait des affaires d'argent volé ? bien sûr. Est-ce qu’il y avait-il des actes aléatoires de brutalité contre des gens dans la rue ? Bien sûr. Nous avons décrit tout cela dans Sur Écoute. Tout est déjà là", confie David Simon.

Le style reste le même, très documentaire, caméra à l’épaule. We own the city raconte une unité entière de policiers hors-la-loi. "On atteint un étonnant niveau effondrement moral. Il a fallu une nouvelle génération pour qu’elle émerge. Une génération de policiers sans le moindre égard pour leur mission. C’est la guerre contre la drogue qui a fait ça. Et les choses empirent. La réforme de la police ne donnera rien de bon tant que la guerre contre la drogue n'aura pas pris fin. C'est la vérité", conclut David Simon.