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Angela Alvarez, la chanteuse cubaine qui a commencé sa carrière à 95 ans, vient d’être nommée aux Latin Grammy Awards

Elle est en lice dans la catégorie "révélation de l’année" grâce à son album sorti l’année dernière. Un album de musique cubaine où elle joue elle-même de la guitare, enregistré grâce à son petit-fils qui a découvert sur le tard que sa grand-mère chantait depuis des décennies en secret.

Article rédigé par Marion Lagardère
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Angela Alvarez, chanteuse cubaine, 95 ans, sur le compte Twitter de Latin Grammys. (CAPTURE D'ECRAN)

Elle dit qu’elle n’en revient toujours pas. Angela Alvarez vient d’être nommée aux Latin Grammy Awards, la version hispanophone des Grammys américains, dans la catégorie meilleure nouvelle artiste de l’année, tout ça à 95 ans et avec une carrière de quelques mois seulement, lancée grâce à son petit-fils, Carlos, qui a mis son talent en pleine lumière. Elle dit qu’elle s’en pince encore pour le croire.

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Parce que chanter était un rêve qu’elle l’avait abandonné il y a bien longtemps, quand elle avait 14 ans, à Cuba. C’est là-bas qu’elle est née en 1927. Enfant, elle apprend à jouer du piano, de la guitare, elle chante jusqu’à envisager d’en faire son métier mais son père refuse en une phrase : "Tu chantes pour toi, pour la famille, mais sûrement pas pour le reste du monde." Elle a 14 ans, elle s’exécute, range son rêve et se dit que la vie continue.

Elle s’est mariée, est devenue femme au foyer avec quatre enfants, puis la révolution castriste est arrivée. En 1962, les menaces de guerre nucléaire se sont faites de plus en plus crédibles, alors comme beaucoup de cubains, elle a cherché à partir. Elle a mis ses enfants sur un bateau pour Miami mais a dû attendre plusieurs mois avant de pouvoir les rejoindre et de débarquer aux États-Unis seule, sans son mari, resté sur l’île. Et surtout, sans parler un mot d’anglais.

Pendant des années, elle enchaîne les petits boulots pour nourrir ses enfants, cueillette des tomates dans les serres, nettoyage de bureaux vides la nuit. Mais en parallèle, sa guitare ne l’a jamais quittée. Discrètement, Angela Alvarez joue quotidiennement, comme son père le lui a dit, juste pour elle, jusqu’au jour où son petit-fils, Carlos, lui-même musicien, a réalisé que non seulement sa grand-mère chantait, mais qu’elle chantait ses propres compositions, des morceaux qui racontent sa vie, ses douleurs, ses joies.

Il lui a donc proposé de l’enregistrer, dans un vrai studio, à Los Angeles. Avec un véritable orchestre, elle a mis sur piste plus de cinquante chansons. Quinze ont été sélectionnées pour faire l’album qui est sorti en 2021, "Angela Alvarez", et qui lui vaut sa nomination aux Latin Grammy Awards. La cérémonie se tiendra le 17 novembre, mais qu’importe si le prix lui passe sous le nez, Angela Alvarez dit qu’elle a réalisé son rêve et que la leçon, "c’est qu’il ne faut jamais se dire ‘je ne peux pas’, parce qu’on peut, lance-t-elle au Washington Post, il faut toujours essayer." Y compris donc à 95 ans.

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