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Diébédo Francis Kéré devient le premier architecte africain à recevoir le Pritzker Price pour son design soucieux de l'environnement

C’est l’équivalent du Prix Nobel d’architecture et ce sacre vient couronner des années de travail de ce Burkinabé qui veut prouver qu’il est possible de bâtir autrement.

Article rédigé par Marion Lagardère
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L'architecte burkinabé Diébédo Francis Kéré dans son bureau à Berlin, le 15 mars 2022. (Odd ANDERSEN / AFP)

Le Prix Pritzker revient donc cette année au Burkinabé Diébédo Francis Kéré, 57 ans. Il est le premier architecte africain à le recevoir depuis que la récompense existe, c’est-à-dire depuis 43 ans. C’est historique, et pour l’heureux élu, c’est une invitation claire à tous les jeunes du continent à oser se lancer dans l’architecture : "Maintenant, confie-t-il au quotidien britannique The Guardian, grâce à ce prix, les étudiants africains vont me voir et pouvoir se dire que, oui, c’est un chemin professionnel possible pour eux aussi." Parce que, ce n’est pas secret, le métier reste très élitiste. Diébédo Francis Kéré sait bien de quoi il retourne.

Il est né et a grandi à Gando, un petit village reculé au Burkina Faso, sans eau ni électricité. Adolescent, ce qui l’intéresse, c’est de construire des bâtiments pour son village, avec ce qu’il a sous la main, ce qui est disponible localement : de l’argile, de la brique cuite qui va devenir, avec l’utilisation du bois, sa signature. Diébédo Francis Kéré commence charpentier, puis, grâce à une bourse, part faire ses études d’architecture à Berlin où il décroche son diplôme en 2004.

Son premier projet est pour son village : une école primaire, toute en brique, en épaisse couche de terre pour l’isolation, et avec plusieurs ouvertures pensées pour faire circuler l’air dans les classes et ainsi se passer de climatisation. Des matières locales, des techniques ancestrales d’aération locales, mais aussi des bras locaux puisque ce sont les villageois qui ont travaillé sur le chantier. Le résultat lui vaut un premier Prix, celui de l’Aga Khan, fort duquel Diébédo Francis Kéré va ensuite multiplier les projets : aucun gratte-ciels, mais des écoles, hôpitaux, bibliothèque, centre associatif. Tous dans le même esprit, des bâtiments à échelle humaine, tenant compte des contraintes climatiques et matérielles locales.

"J’espère faire changer de vision, explique-t-il à l’AFP, ce n’est pas parce qu’on est riche qu’on doit gaspiller les matériaux et ce n’est pas parce qu’on est pauvre qu’on n’a pas droit à la qualité, tout le monde mérite la qualité, et en même temps, nous sommes tous liés les uns aux autres, et les préoccupations en matière de climat, de démocratie, de pénurie de ressource nous concerne tous." Où l’on comprend que ce n’est pas juste un architecte qui est récompensé par ce prix, mais une autre philosophie, pragmatique, humaine et pleine de sens.

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