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En Angleterre, le grand papillon bleu, éteint depuis 1979, vit son meilleur été

The Large Blue, connu en France sous le nom d’Azuré du serpolet, connaît une prolifération étonnante grâce à la réintroduction de l’espèce opéré par deux chercheurs. En 2022, on a dénombré 75 fois plus d’œufs de papillon que d’habitude, d’après la Société royale d’entomologie.

Article rédigé par franceinfo
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Un papillon The Large Blue, ou Azuré du serpolet. (MICHEL RAUCH / BIOSPHOTO)

En cette fin d’été caniculaire, alors que partout dans le monde, de la Chine aux États-Unis en passant par l’Europe, on ne trouve plus que paysages jaunis, lacs vides, lits de rivières craquelés et forêts carbonisées, un petit bout de campagne au sud de l’Angleterre incarne l’espoir.

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Des milliers de papillons bleus à pois noirs y virevoltent de fleurs en fleurs, à la grande surprise des biologistes puisque cette espèce de papillon est déclarée éteinte dans le pays depuis 1979. Phengaris arion, de son nom latin, "The Large Blue" en anglais, appelé chez nous l’Azuré du serpolet, est classé sur la liste de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) comme quasi menacé dans le monde, et donc éteint en Angleterre."Éteint" jusqu’à ce que deux chercheurs se mettent en tête de le sauver.

En 1983, quatre ans après son extinction outre-Manche, Sarah Meredith et David Simcox, ont décidé d’introduire dans des prairies-tests des chenilles de grands bleus collectées par eux en Suède. Comme David Simcox l'a expliqué à la BBC, les premières années ont été ingrates, n’offrant pas la démultiplication de papillons attendus. Et puis, en prenant soin de la terre, en laissant ces prairies se développer sans intervention, sans piétinements, sans épandage de pesticides dans les champs alentours, sans pompage d’eau dans les nappes, la greffe a fini par prendre.

La semaine dernière, la Société royale d’entomologie a annoncé que l’été 2022 était officiellement le plus prolifique pour l’espèce en 150 ans d’observation. 750 000 œufs de papillons cette année, contre 10 000 en moyenne dans les années qui ont suivis leur réintroduction, soit 75 fois plus. Cette année, 20 000 papillons ont achevé leur métamorphose et pris leur envol hors de leur chrysalide.

Un record... et du jamais vu, qui fait de ces "grands bleus" anglais la plus vaste colonie répertoriée en Europe. Et ça veut dire que si l’on met tout en œuvre pour répondre au besoin des espèces menacées, on peut inverser la tendance et contrer le déclin. Le papillon avait besoin de fleurs, donc d’étendues laissées en friches, sans pollution, pour butiner certes mais aussi pour pouvoir y trouver des colonies de fourmis rouges, colonies qui le nourrissent dans sa vie de chenille, et qui, elles aussi, ont besoin des mêmes conditions pour s’épanouir. Une expérience qui montre que c’est possible, que nous savons comment obtenir l’abondance, la vraie, la bonne, celle de la bonne terre pour tous, papillons compris.

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