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En l’Italie, l’agression sexuelle en direct d’une journaliste télé met en lumière le fléau du sexisme

Greta Beccaglia, journaliste sportive pour Toscana TV, était en direct devant un stade lorsqu’un supporter lui a mis une claque sur les fesses. Une scène qui illustre bien le sentiment d’impunité qui anime les agresseurs et qui choque tout le pays depuis trois jours.

Article rédigé par Marion Lagardère
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Greta Beccaglia, journaliste, reçoit une claque sur les fesses de la part d'un supporter pendant un direct sur Toscana TV. (CAPTURE D'ÉCRAN)

Greta Beccaglia, journaliste sportive italienne, fait la une dans son pays, pas pour un fait sportif, mais pour l’agression sexuelle dont elle a été victime en direct, à la télévision, alors qu’elle couvrait le match Empoli-Fiorentina. C’était samedi 27 novembre, où, comme tous les samedis de championnat, Greta Beccaglia, 27 ans, faisait son compte rendu d’après-match devant le stade pour sa chaine, Toscana TV. Derrière elle, on voit défiler les supporters qui quittent le stade par grappes, lorsque l’un d’eux la regarde avec insistance et lui frappe violemment les fesses avec la main, avant de s’en aller en marchant. Immédiatement la journaliste lui dit que "ça ne se fait pas", mais un autre homme qui a vu la scène essaye de faire la même chose, un troisième y parviendra une fois la caméra coupée, c’est-à-dire après une longue minute de malaise.  

La scène a choqué l’Italie. Pour plusieurs raisons. D’abord, parce que le présentateur en studio n’a pas défendu la journaliste, mais lui a lancé : "Allez, ne le prend pas mal". Ensuite, parce que devant le stade, autour d’elle, personne n’a réagi. Et enfin parce que ce soir-là, tous les matchs de la Serie A, la Ligue 1 italienne, étaient dédiés à la lutte contre les violences faites aux femmes. Depuis dimanche, l’histoire fait donc la une partout, à la télé, à la radio, dans la presse.

L'agresseur assure qu'il n'a rien fait de mal

Greta Beccaglia a décidé de ne pas en rester à la sidération : elle a porté plainte pour violences sexuelles, le parquet de Florence a ouvert une enquête, et l’agresseur a été retrouvé. C’est un père de famille italien, Andrea Serrani, la quarantaine, patron de restaurant sans histoire. Mardi, il a écopé de trois ans d’interdiction de stade et dans un communiqué, il dit qu’il n’a rien fait de mal, qu’il a toujours été respectueux des femmes, que d’ailleurs, il a une fille, mais qu’il était en colère d’avoir perdu.

Pas de recul, ni de remise en question. Le genre de réaction qui ne passe plus, en témoignent les milliers de messages indignés postés sur les réseaux sociaux. "C’est un geste grave pourtant, il ne le comprend pas, résume Greta Beccaglia au Corriere della Sera, c’est pour ça que j’ai déposé plainte, pour toutes les femmes qui, elles, subissent des violences loin des caméras, sans le soutien dont je bénéficie aujourd’hui, pour qu’en me voyant réagir, saisir la justice, elles sachent que c’est possible." La journaliste qui ajoute vouloir transformer son traumatisme en quelque chose d’utile, qui aide les victimes et interroge enfin les hommes, tous, supporters, pères de famille, frères, oncles, amis, maris, ceux qui se disent qu’il n’y a rien de mal.

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