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Espace : "Statistiquement, dire que nous sommes seuls dans l’univers est une absurdité", selon l’astrobiologiste Nathalie Cabrol

La découverte de plusieurs milliers d’exoplanètes ces dernières années rend la présence de la vie sur Terre de moins en moins exceptionnelle. C’est la théorie de cette chercheuse du "Search for extra-terrestrial intelligence"(SETI), dont le livre "À l’aube de nouveaux horizons" vient de paraitre.

Article rédigé par Marion Lagardère
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
La galaxie spirale M 99 (NGC 4254) dans l'espace par l'Observatoire européen austral, le 16 juillet 2021. (HANDOUT / EUROPEAN SOUTHERN OBSERVATORY via AFP)

Nathalie Cabrol se base sur les découvertes accumulées ses dix dernières années et notamment le recensement de milliers d’exoplanètes, c’est-à-dire de planètes hors de notre système solaire. Après avoir travaillé sur les programmes d’exploration martienne de la Nasa, Nathalie Cabrol, est aujourd’hui directrice du centre de recherche Carl Sagan du SETI aux États-Unis et elle fait le point sur ce que l’on sait de la vie ailleurs dans un livre qui sort ce vendredi, À l’aube de nouveaux horizons (éditions du Seuil).

Grâce aux observations des télescopes Kepler et James Webb, "ce que l’on sait, dit-elle, c’est qu’il y a au moins 125 milliards de galaxies dans l’univers, que chacune de ces galaxies contient plus de 100 milliards d’étoiles et qu’autour de chacune de ces étoiles tourne au moins une planète". Donc même sans preuve immédiate, "sur le seul plan statistique, dire que la Terre est une exception et que nous sommes seuls dans l’univers, c’est une absurdité." D’autant, rappelle-t-elle, que ça ne fait que 150 ans que l’on cherche.

150 ans, alors que l’univers s’étend depuis 13,8 milliards d’années, il est donc possible que des formes de vie, voire des civilisations ayant atteints des stades de développement similaire au nôtre soient nées avant nous, qu’elles aient disparu, que certaines aient été très éphémères, que certaines soient en ce moment en activité à des millions d’années-lumière, donc impossibles à capter, sachant que la majorité n’a probablement pas dépassé le stade bactérien.

Les "briques" de la vie présentes dans toutes les galaxies observées

"Ce qui est sûr, c’est que l’on trouve les briques de la vie partout", plaide-t-elle. Carbone, azote, hydrogène, oxygène, souffre et phosphore, des molécules qui vont se combiner pour faire émerger la vie en fonction de leur environnement. Pour étudier les environnements propices, par exemple répondre à la question de savoir si la vie a pu apparaître sur Mars, Nathalie Cabrol n’est pas resté dans son bureau, elle a exploré les lieux les plus extrêmes sur Terre. Des volcans aux fonds marins, en passant par le désert. Elle a vu des formes vivantes évoluer là où nous, humains, sommes incapables de survivre plus de quelques secondes sans équipement.

Trouver de la vie ailleurs est donc la prochaine étape, et pourquoi pas tout près de nous : sur Europe, l’une des lunes de Jupiter qui contient de l’oxygène, ou sur Titan, satellite de Saturne. À la fin, Nathalie Cabrol précise que l’enseignement de toutes ces recherches est double : c’est que nous ne sommes pas seuls dans l’univers, et en même temps, nous sommes aussi uniques, ou comment dire que la recherche de la vie ailleurs nous ramène toujours à la Terre, à notre vaisseau, notre maison, à nous.

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