États-Unis : innocenté après 43 ans de prison, il reçoit une cagnotte de 1,6 million de dollars
À 62 ans, il a quitté le centre pénitentiaire de Cameron dans le Missouri la semaine dernière, sans rien, ni maison, ni emploi, ni aucune économie. Pour l’aider à se reconstruire, une cagnotte a été ouverte, générant un immense élan de solidarité.
La semaine dernière, à Cameron dans le Missouri, après quatre décennies passées derrière les barreaux, Kevin Strickland, 62 ans, a été libéré et lavé de la condamnation pour meurtre qui lui a volé sa vie. Il avait 18 ans lorsqu’il a été arrêté en 1978 : le 25 avril, il était chez ses parents, dans le salon, en train de regarder la télé, lorsqu’au même moment, à Kansas City, une bande armée a fait irruption dans une maison et abattu les jeunes qui étaient à l’intérieur. Trois meurent sur le coup, une quatrième est blessée et parvient à s’enfuir. Et c’est elle, unique témoin, qui va décrire la scène à la police.
Deux hommes sont arrêtés, puis Kevin Strickland. Simplement parce qu’il a croisé les deux suspects le matin du meurtre. Rien ne le lie à la scène de crime, pas d’empreinte, pas de témoignage, aucun indice, mais le jury le condamne à la prison à perpétuité.
Kevin Strickland is a free man tonight after spending 43 years behind bars in one of the longest wrongful-conviction cases in U.S. history. @LinseyDavis reports. pic.twitter.com/YqDqkxfPRF
— ABC News Live (@ABCNewsLive) November 24, 2021
L’année dernière, en 2020, un journal local, le Kansas City Star, rouvre le dossier, enquête, retrouve les lettres envoyées par la survivante à une association d’aide aux détenus, lettres où elle explique que la police lui a forcé la main, et que l’adolescent devenu sexagénaire est innocent. Cette enquête journalistique a provoqué le réexamen de son dossier et sa libération. Une victoire évidemment, mais aussi un grand saut dans le vide.
22 000 donateurs et 1,6 million de dollars récoltés
Après 15 487 jours d’incarcération, Kevin Strickland n’a ni maison, ni voiture, ni emploi, ni compte en banque, ni économies. Et l’État du Missouri ne prévoit aucune compensation financière pour les erreurs judicaires comme celle-ci. Alors l’association qui le défend a lancé une collecte sur Internet, et une vague de solidarité s’est formée : 22 000 donateurs en quelques jours, qui lui ont tous laissé des mots d’encouragement, de soutien, de compassion, et une cagnotte qui atteint ce mardi 1,6 million de dollars.
"Je ne dirais pas que je suis en colère. Je ressens beaucoup de choses, de la joie, de la tristesse, de la peur, que je vais essayer de faire vivre ensemble (…) mais j’ai surtout le souhait que ce que j’ai subi n’arrive plus jamais à personne."
Kevin Strickland, victime d'une erreur judiciaire aux Etats-Unisdevant les journalistes à sa sortie de prison
De quoi l’aider à se reconstruire, se loger, se soigner surtout, lui qui ne peut plus marcher. Sachant qu’il y a des choses qu’on ne rattrape pas. En sortant de prison, Kevin Strickland est allé se recueillir sur la tombe de sa mère, décédée en août dernier, qui ne l’aura donc pas vu libre. Aux États-Unis, d’après le registre national des erreurs judiciaires, depuis 1989, 2 737 condamnés à tort ont été innocentés.
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