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Inde : les efforts démesurés de "mangrove man" pour restaurer la mangrove de l’île de Vypin

En dix ans, T. P. Murukesan a replanté plus de 100 000 pieds de mangrove le long de la côte. Et sa méthode fonctionne : la première mangrove qu’il a replantée en 2014 est aujourd’hui intégralement reconstituée. Mais il explique qu’il faut "aller beaucoup plus vite pour lutter contre l’érosion".

Article rédigé par Marion Lagardère
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Un homme replante dans une mangrove d'un parc naturel, en Indonésie. Photo d'illustration (SAHLAN KURNIAWAN / XINHUA)

On l’appelle l’homme de la mangrove, "mangrove man", ce qui sonne évidemment comme Superman et lui va plutôt bien, puisque ce que fait T.P. Murukesan, habitant de la ville de Kochi dans le sud de l’Inde, est titanesque : il s’est mis en tête de replanter la mangrove disparue de son île, Vypin, 27 km de long, pied par pied, plante par plante, pour empêcher la côte de s’effondrer. Il a commencé il y a dix ans, et il raconte à l’agence Associated Press comment il entend lutter contre la montée des eaux et l’érosion.

Les mangroves, ce sont ces buissons qui poussent les pieds dans l’eau le long des côtes, mais qui, pour accéder plus facilement à la mer, ou encore construire des routes, ont été arrachés, mètre carré par mètre carré. Au point de fragiliser très fortement la terre. Plus de barrage naturel en cas de tempête, plus de tampon végétal pour absorber les vagues. "Les inondations montent de plus en plus haut, explique T.P. Murukesan, mais l’on peut réparer ça, en tout cas on peut essayer".

100 000 plants de mangrove repiqués en dix ans

Dans l’arrière-cour de sa maison, il a donc créé une nurserie végétale, un petit espace où il bouture des mangroves. Dans des tubes en bambous qui font office de pots, il met de la terre et y enfonce des rameaux, une branche par pot, branche qui au contact du terreau va fabriquer des racines et donc un nouveau plant. Au total, depuis 2013, avec l’aide de sa femme, il en a repiqué dans l’eau plus de 100 000 tout le long de la côte de l’île de Vypin. Et ça marche. La première mangrove qu’il a replantée en 2014 est désormais dense et solidement ancrée. Une réussite qui lui a valu de recevoir un prix environnemental il y a deux ans, de rencontrer les élus locaux et d’inspirer d’autres initiatives similaires.

"C’est bien, mais il faut aller plus vite, parce qu’on est encore loin de ce que j’ai connu moi quand j’étais petit." Il explique qu’enfant, il pouvait boire l’eau des rivières, que la mer, salée, ne remontait pas dedans, que personne ne tombait malade. En 50 ans, l’État du Kerala a perdu 98% de sa mangrove. Autant dire que tout replanter nécessite bien plus qu’un seul "mangrove man". Et en même temps, il faut bien que quelqu’un commence.

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