"Je n’ai jamais eu envie de remonter" : l’athlète Beatriz Flamini vient de passer 510 jours en isolement total et volontaire dans une grotte
Elle est descendue pour réaliser une expérience scientifique. Pendant 510 jours, quasiment un an et demi, l’athlète Beatriz Flamini, 50 ans, est restée seule dans une grotte, située à 70 mètres de profondeur à Motril, près de Grenade dans le sud de l’Espagne et elle vient tout juste de remonter à la surface, accueillie par des dizaines de caméras. Elle a un peu titubé en sortant, mettant plusieurs minutes à retrouver son équilibre, mais elle a souri, elle est tombée dans les bras de ses collègues, et la première chose qu’elle a demandé, c’est le droit de pouvoir prendre une douche.
De quoi a-t-on vraiment besoin ? Comment le corps et le mental s’adaptent-ils s’il n’y a plus ni jour, ni nuit, ni repère temporel, ni déplacement possible ? Comment survit-on à l’isolement total ? À l’absence de contact ? C’est à toutes ces questions que devait répondre l’expérience à laquelle s’est volontairement prêtée Beatriz Flamini, sportive de l’extrême, alpiniste et grimpeuse de paroi à main nue. Vu son palmarès, on se dit que rester statique pendant 500 jours, c’était sans doute son pire cauchemar, et pourtant, en remontant à la surface, elle a confié qu’elle n’avait "pas vraiment envie de sortir", qu’elle était bien en bas, "dans le silence, l’extrême simplicité, seule avec elle-même".
Soixante livres lus, du tricot et du silence
Le 20 novembre 2021, elle avait 48 ans. Nous étions encore en pleine pandémie de Covid, il n’y avait pas de guerre en Ukraine, et elle est descendue dans la grotte en emportant une lampe frontale, une mini-caméra pour documenter son expérience, de la nourriture, de l’eau, des aiguilles à tricoter, une liseuse et sa patience. "Très vite, a-t-elle raconté en conférence de presse, j’ai perdu la notion du temps, j’ai arrêté de compter les jours, j’ai lu, beaucoup, une soixantaine de livres, et j’ai tricoté des bonnets et des chaussettes."
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En 510 jours, elle n’est remontée que deux jours parce que le routeur qui servait à enregistrer ses vidéos est tombé en panne. Deux jours pendant lesqueles elle est restée totalement isolée avant de redescendre. Vendredi, lorsque ses collègues sont venus la remonter, elle pensait n’avoir passé que 160 jours sous terre. Elle a pourtant deux ans de plus, elle ne sait rien de l’actualité, de tout ce qui nous préoccupe ici, et elle dit qu’elle s’en est très bien passée. Tout comme elle s’est passée du fait de parler. Elle dit qu’elle a "aimé respecter le silence de la grotte". Elle se concentre désormais sur le montage des messages vidéo qu’elle a régulièrement envoyés avant de repartir pour un nouveau défi.
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