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L'étoile du jour. "L'Origine du monde" de Gustave Courbet a un nom et un visage : Constance Quéniaux

Coup de cœur ou coup de griffe : tous les matins, Marie Colmant distribue ses bons points. Aujourd'hui, le mystère est levé autour de l'identité du modèle de "L'Origine du monde" de Gustave Courbet.

Article rédigé par franceinfo - Marie Colmant
Radio France
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Mademoiselle Queniaux, photographiée par Nadar. (NADAR / GALLICA / BIBLIOTHEQUE NATIONALE DE FRANCE)

L'étoile du jour ce matin est une femme, dont l'anatomie fut longtemps la vedette dans un tableau de Gustave Courbet : Constance Quéniaux dont le nom a été révélé mardi 25 septembre par un spécialiste d'Alexandre Dumas, Claude Schopp.

Dans une lettre adressée à George Sand et retrouvée par hasard, Alexandre Dumas fils ricanait de ce tableau de Gustave Courbet qui dessinait avec tant de détails "l'intérieur" de Mlle Quéniaux. Comment ça Mlle Quéniaux ? Pendant des années, on nous a affirmé que le sexe féminin peint par Courbet était celui d'une jeune irlandaise, un modèle très dans le vent à l'époque, très proche du peintre, et fameuse pour sa chevelure rousse. Et là, vous allez me dire, il y a un problème de raccord couleur.

Constance était une "Nana" à la Zola

Constance Quéniaux, en revanche, était une belle brune. Une gamine de Paris, enfant naturelle non reconnue qui rêvait de danse et qui intègre à 14 ans une revue. Elle y devient très vite une de ces danseuses dont le Tout-Paris raffole et dont les messieurs se disputent les faveurs. Constance Quéniaux est une femme entretenue, à l'image de Nana, l'héroïne de Zola, et elle n'en fait pas mystère. Mais loin d'être une imbécile, Constance Quéniaux profite non seulement de l'argent, mais aussi des relations de ces messieurs.

Elle entre dans le cercle des artistes du Tout-Paris, des écrivains, des peintres qu'elle reçoit dans son hôtel particulier parisien où elle tient salon. En 1866, date de création du tableau, elle est une des maîtresses d'un diplomate turco-égyptien, Khalil-Bey, qui collectionne les toiles érotiques, et une amie de Courbet qui exécutera le tableau pour sa petite collection privée.

L'âge venant, Constance Quéniaux, devient une dame respectable et fortunée qui dépense sans compter pour ses œuvres de charité; Elle n'a pas oublié d'où elle vient, mais elle préfère que son nom ne soit plus associé au tableau de Courbet, trop scandaleux. Scandaleux pas seulement pour l'époque d'ailleurs. Mardi encore une chaîne de télé floutait le fameux tableau pour raconter l'histoire de Constance Quéniaux, fille de la rue morte en 1908 qui laissa dans sa succession un autre tableau de Courbet, un bouquet de camélias, avec un bouton rouge, très rouge, en son centre.

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