Li Ziqi, la youtubeuse qui compte le plus grand nombre d’abonnés en langue chinoise, alors que Youtube est bloqué en Chine
Le Guinness World Records a homologué son record le 3 février : Li Ziqi est officiellement la vidéaste qui cumule le plus grand nombre d’abonnés pour une chaîne en langue chinoise. Un succès surprenant, puisque Youtube fait partie des sites bloqués en Chine, et qui s’explique par le contenu de ses vidéos : une ode au fait-maison, au produits locaux et la sobriété.
Le record figure officiellement sur le site du Guinness Book depuis le 3 février, celui du plus grand nombre d’abonnés pour une chaine Youtube en langue chinoise, un exploit quand on sait que Youtube fait partie des sites bloqués en Chine. 14,2 millions de personnes suivent donc les vidéos de Li Ziqi, 30 ans, star qui cumule 2 milliards de vues en deux ans seulement de présence sur Youtube. Un engouement qui s’explique par l’ambiance qu’elle propose, une atmosphère très relaxante, bucolique, onirique.
Li Ziqi se filme chez elle, à la campagne, dans la province du Sichuan, mettant en scène sa vie de tous les jours, et plaidant pour la sobriété, le fait maison, l’autosuffisance. On la voit récolter des fruits dans son verger, cuire son pain dans un four qu’elle a fabriqué elle-même, confectionner ses vêtements, teindre une robe avec des produits trouvés dans la forêt, faire du rouge à lèvres à partir de pétales de roses. C’est fascinant, c’est très beau à regarder, on est dans le style conte de fée, tout à l’air simple et léger. D’autant que sa touche personnelle, c’est de ne pas parler. Ou très peu. Elle n’explique pas, elle montre. Résultat : ce qu’on entend, ce sont surtout les oiseaux qui chantent, le bruit du vent dans les cerisiers en fleurs, celui du couteau qui découpe, du pilon dans le mortier.
C’est apaisant. L’inverse total des autres chaînes chinoises, ultraconsuméristes et survitaminées. Là tout n’est qu’ordre et beauté, et c’est fait exprès, évidemment. Parce que, comme l'explique le South China Morning Post, c’est la frénésie de la vie urbaine qui a inspiré Li Ziqi. Orpheline à 6 ans, elle a été élevée par sa grand-mère, au village, avant de partir pour la ville, comme beaucoup de jeunes, à Mianyang, 5 millions d’habitants, pour trouver du travail. Là-bas, elle a enchaîné les petits boulots d’électricienne, serveuse, DJ, et après huit années de désillusion, elle a fini par rentrer à la campagne. Ainsi commençait son autre vie, celle de vidéaste avec le succès que l’on connaît aujourd’hui.
Un succès loué par le gouvernement chinois comme étant un modèle pour la jeunesse. Ce qui est assez saugrenu finalement puisque tous ses messages vont à l’encontre des objectifs de croissance de Xi Jinping : ne rien acheter de neuf, produire local, fabriquer soi-même ce dont on a besoin. Dans le monde de Li Ziqi, il n’y a pas d’usines, pas de voitures, pas de centres commerciaux. Et c’est sans doute pour ça que ça plait, pour rêver, pour se dire que ce serait bien, que ça a l’air possible, au moins le temps d’une vidéo.
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