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Radha Pandey, 16 ans, se bat contre les mariages forcés en Inde après avoir refusé d’être mariée à un inconnu

La pratique est interdite depuis 1929, pourtant elle perdure en Inde où une fille sur quatre est mariée avant d’être majeure. De plus en plus d’adolescentes refusent, à l’image de Radha Pandey qui depuis l’annulation de son mariage aide d’autres jeunes filles à connaitre leurs droits.

Article rédigé par Marion Lagardère
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Radha Pandey répond à une interview sur le compte Twitter de Brut. (CAPTURE D'ECRAN)

Chaque année en Inde des millions de petites filles et adolescentes sont mariées par leurs parents avant d’avoir 18 ans. L’Unicef estime que cela concerne 27% d’entre elles, une sur quatre. Des chiffres qui baissent avec les années mais qui restent dramatiquement élevés et qui sont à l’origine du combat de Radha Pandey, 16 ans, habitante de la région du Jharkhand, au nord-est de l’Inde. Comme elle le raconte au Times of India, au printemps dernier, son père s’est arrangé avec les parents d’un garçon d’un village voisin pour la marier. Sans la prévenir. Sauf que Radha a fini par l’apprendre. Elle avait déjà dit à sa famille qu’elle ne voulait pas se marier avant d’être majeure, qu’elle voulait faire des études, devenir professeure des écoles et convoler ensuite, alors, faute de pouvoir convaincre son père, elle est allée voir celui de l’adolescent, le suppliant d’annuler les préparatifs.

En parallèle, elle a contacté une association de protection de l’enfance, qui lui a conseillé d’alerter les autorités. Ce qu’elle a fait. Et pour cause, le droit est de son côté : en Inde, les mariages d’enfants sont interdits depuis 1929, en 2006, la loi a été renforcée pour punir de deux ans de prison les parents qui ne respecteraient pas l’âge minimum de 18 ans. Pourtant, la tradition perdure. Parce que ça fait toujours une bouche en moins à nourrir, parce que souvent la mère, la grand-mère et toutes les femmes de la famille ont été mariées comme ça. C’est ce que Radha s’est entendu dire. Mais elle a insisté et a fini par convaincre le père du garçon, rebuté à l’idée d’aller en prison, de renoncer. Le mariage a donc été annulé et depuis Radha Pandey est devenue ambassadrice de son district pour la Children's Foundation contre les unions forcées de jeunes filles mineures. 

Les futures mariées viennent la voir pour obtenir de l’aide et des conseils. Elle fait aussi de la prévention dans les écoles de son district, informe les adolescentes sur leurs droits, rappelle aux familles les peines encourues et énumère les dégâts des mariages précoces : les filles sont plus facilement violentées par leurs maris, elles quittent l’école et renoncent à toute qualification.

En neuf mois, Radha a réussi à faire annuler une vingtaine de mariages de mineures prévus dans son district. Et elle n’est pas seule, puisque chaque mois, en Inde, au moins une adolescente fait les gros titres pour avoir dit "non".

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