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"Si j'ai pu le faire, tout le monde peut" : l’américain Joseph Valadez, diplômé après avoir passé la moitié de sa vie en prison

Tombé dans la drogue et entré dans un gang à onze ans, Joseph Valadez a eu un déclic une fois les 50 ans passés, après la mort de sa mère : tout arrêter et s’inscrire à l’université, avec succès.

Article rédigé par Marion Lagardère
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Joseph Valadez, diplomé à 62 ans après avoir passé la moitié de sa vie en prison. (CAPTURE D'ECRAN TWITTER)

Il n’y a pas d’âge pour se former, pas de date limite et pas non plus de parcours de vie trop encombrant quand on a l’envie, le désir d’apprendre et de rebondir : c'est le message que veut porter Joseph Valadez, aux États-Unis. Non seulement il a 62 ans, mais il a surtout passé l’essentiel de sa vie d’adulte en prison. Et mardi 16 février, il a donc posté la bonne nouvelle sur le groupe privé Facebook Csulb Students, avec une photo de lui, son diplôme de sociologie en main, et sur la tête le célèbre Oxford Cap, ce chapeau rehaussé d’un carré noir que portent tous les étudiants américains lors des remises de diplômes.

"Il paraît qu’une image vaut mille mots, écrit-il, alors voici la mienne,
je viens de terminer mes deux derniers semestres à l’université de Californie du Sud à Long Beach, qui plus est sur la liste d’honneur du président, puisque je n’ai obtenu que des A. Il y a sur les gens comme moi des préjugés que je veux casser : donc si moi j’ai pu le faire, tout le monde peut." Tout le monde. Sous-entendu, les autres détenus, les décrocheurs, les cancres, les retardataires, les désorganisés, les découragés, les défaitistes. C’est sans doute ce qui fait que son message a été aimé et partagé des centaines de milliers de fois sur Facebook, Twitter, ou encore Instagram. Parce qu’il n’a pas de fatalité. Pas toujours de point de non-retour.

Ma mère est la seule à n’avoir jamais perdu espoir, celle qui a toujours cru en moi, malgré la toxicomanie, la prison, les gangs, la rue, elle m’a toujours dit que j’étais intelligent

Joseph Valadez, ancien détenu et jeune diplômé

à la chaîne ABC

C’est pourtant ce qu’a longtemps été amené à penser Joseph Valadez, comme il le raconte au journal local Long Beach Post, lui qui est né dans une famille pauvre, enrôlé dans un gang à 11 ans et tombé dans la drogue au même âge. Au total, il a passé une quinzaine d’années dans la rue, et une trentaine derrière les barreaux, rechutant, peine après peine, cumulant quarante condamnations pour usage, recel ou trafic d’héroïne. Jusqu’en 2006. Jusqu’à ce que sa mère, Anita, décède. Un électrochoc : "Elle est la seule à n’avoir jamais perdu espoir, confie-t-il à la chaine ABC, celle qui a toujours cru en moi, malgré la toxicomanie, la prison, les gangs, la rue, elle m’a toujours dit que j’étais intelligent."

Alors, en 2014, il a décidé de tout arrêter, de pousser la porte de l’Armée du salut, qui lui a proposé son parcours d’aide à la désintoxication, et de s’inscrire à l’université, celle de Californie du Sud, qui l’a accueilli en sociologie, lui permettant, après six ans de cours d’être enfin diplômé. Désormais, Joseph Valadez, sobre depuis 2 800 jours, vise le master, et entend continuer à raconter son histoire, pour lui, pour sa mère, et pour convaincre ceux qui désespèrent que rien n’est jamais écrit.

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