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Casale Monferrato, la ville cimetière de l'amiante en Italie

En Italie, cette commune du Piemont attend aujourd'hui le jugement dans le grand procès de l'amiante. C'est le procès de la société Eternit. Son ancien patron, Stephan Schimdheiny, est jugé en appel. A Casale Monferrato, l'amiante a tué au moins 1800 habitants.
Article rédigé par Jean Leymarie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (©)

Au premier procès, Stephan
Schimdheiny avait été condamné à seize ans de prison et 250 millions d'euros de
dommages et intérêts pour lui et pour un autre dirigeant qui est mort depuis.
L'ancien PDG n'a pas assisté à la moindre audience. Il a envoyé son avocat. Il
saura tout à l'heure si la peine est confirmée.

Il n'est pas le seul à
attendre ce jugement. Les habitants de Casale Monferrato sont suspendus, eux
aussi, à la décision du tribunal de Turin, car dans l'affaire de l'amiante,
cette ville du Piemont a perdu au moins 1800 habitants - 1800 morts sur environ
35 000 habitants. La commune accueillait le plus grand établissement d'Eternit.
Casale Monferrato était la capitale de l'amiante. Elle est devenue son martyr.

Dans Le Monde,
Philippe Ridet explique que la plupart des victimes ne travaillaient même pas
sur le site. Elles vivaient seulement à proximité. Mais toute la journée, elles
respiraient les particules d'amiante. Elles sont mortes d'asbestose (fibrose
pulmonaire) et de mésothéliome (cancer de la plèvre). L'usine est fermée depuis
vingt-sept ans, mais l'amiante continue à faire des ravages. Le procureur du
tribunal de Turin le raconte dans les colonnes du Monde : "encore la
semaine dernière, une femme de 37 ans est morte d'un cancer de la plèvre. Elle
n'avait jamais travaillé pour Eternit. Elle a simplement respiré une poussière
un jour, à Casale Monferrato".

Il y aquelques mois, un
journaliste du Point, Dominique Dunglas, était allé voir lui aussi les
habitants du Piemont. Son récit est toujours sur le site du magazine.
Bruno Pesce, un syndicaliste local, témoigne : "La poussière d'amiante, on
l'appelait "la puvri". Il y en avait partout. Dans l'usine, mais
aussi dans la ville. Elle s'envolait des aires de stockage et des camions.
L'usine offrait des déchets d'Eternit pour isoler les maisons, boucher les
trous des sentiers ou des terrains de foot (...) Même les rives du Pô, où les
enfants se baignent l'été, étaient devenues une blanche plage
d'Eternit".  Une femme de 83 ans
raconte qu'elle a perdu cinq membres de famille : "on voyait les avis de
décès sur les murs de l'usine, dit-elle, mais on ne comprenait pas". Pour
Dominique Dunglas, c'est simple : la ville de Casale Monferrato est le
Hiroshima de l'amiante.

 

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