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En Syrie, un empoisonnement au cœur du pouvoir

A Damas, plusieurs hauts-responsables ont failli mourir...empoisonnés.
Article rédigé par Jean Leymarie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
Franceinfo (Franceinfo)

Au départ, c'est une rumeur, comme il y en a beaucoup, en ce moment, en Syrie. Elle concerne Assef Shawkat, un des hommes les plus détestés du pays.
Shawkat est le beau-frère de Bachar El-Assad. Il est le vice-ministre de la défense, il est très influent.

Il y a huit jours, une vidéo commence à circuler. Un homme apparaît, assis à une table couverte du drapeau de la rebellion. Face à la caméra, il revendique l'assassinat de six hommes : ce fameux Assaf Shawkat mais aussi le ministre de l'intérieur, celui de la défense, et le chef de la sécurité nationale.

La chaîne Al-Jazira diffuse la revendication. La chaîne Al-Arabya, financée par l'Arabie saoudite, montre également la vidéo. Elle donne même des précisions. Elle cite des militants. Selon eux, dans le village d'Assef Shawkat, des drapeaux noirs ont été brandis en signe de deuil. Le corps du dirigeant a été transporté dans un hôpital, entièrement vidé de ses patients.

Au moins deux grands médias diffusent donc cette nouvelle. Et pourtant, l'information est fausse, au moins en partie : un de ces hommes apparaît à la télévision d'Etat ; un autre donne une interview. Visiblement, ils sont vivants.

Vivants, ou survivants ? Le journaliste Georges Malbrunot raconte les dessous de l'affaire, sur son blog "L'Orient indiscret", sur le site du Figaro. Selon lui, les six hommes ont été victimes d'une tentative d'empoisonnement. Un garde du corps a été "retourné" par les rebelles syriens. Il travaillait pour un chef du parti Baas, le parti de Bachar El-Assad, et il a réussi à glisser du poison dans le repas des six dirigeants. Ces responsables ont été aussitôt hospitalisés à Damas. Le garde du corps, lui, a réussi à s'enfuir. Il serait aujourd'hui en Turquie.

Georges Malbrunot souligne que cette tentative d'assassinat est la première connue depuis le début de l'insurrection, il y a quinze mois. Elle montre que les opposants parviennent maintenant à atteindre des proches du pouvoir. Le journaliste du Figaro va plus loin :  l'opération a peut-être provoqué le massacre de Houla, ce week-end. Comme une forme de vengeance. Là, ce n'est pas une rumeur : plus de cent personnes y ont trouvé la mort.

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