Le combat du juge Lameyre, surnommé "Liberator"
Dans Libération, Sonya Faure rappelle l'affaire. Nous sommes en juin 2010. Des policiers se mobilisent contre le magistrat. Ils lui reprochent de libérer trop vite des suspects en garde vue, notamment dans des affaires de drogue. Un officier de police judiciaire se souvient : "Dès qu'il était de permanence, on retardait les interpellations pour ne pas tomber sur lui. Un jour, il a refusé de prolonger la garde à vue de quatorze trafiquants". Son surnom ? "Le juge préféré des voyous du 9-4", le-Val-de-Marne.
Le magistrat se défend. Il ne fait qu'appliquer le droit, dit-il. Quand il annule des gardes à vue, il s'appuie sur les décisions de la Cour européenne des droits de l'homme. Quand il refuse de placer un suspect en détention provisoire, il met en avant l'article 137 du code de procédure pénale : la prison doit être l'exception, pas la règle.
Mais à Créteil, la tension ne cesse de monter. D'un côté, les policiers et la pression médiatique. De l'autre, des magistrats qui défendent leur collègue et qui manifestent même devant le palais de justice. Finalement, Xavier Lameyre est écarté. Il devient président de la onzième chambre de Créteil. Le poste est beau. La sanction a tout d'une promition.
Deux ans ans après cette affaire, le juge publie aujourd'hui un livre. Il a cinquante-cinq ans. Il a encore un nouveau poste. Il est devenu juge d'application des peines, à Paris. Dans Libération , Xavier Lameyre explique qu'il n'a pas changé d'avis. Il dénonce "la démesure pénale", "les procédures d'exception", "les peines automatiques". Son livre s'intitule "Le glaive sans la balance", les deux symboles de la justice. Le magistrat réclame moins de glaive et plus de balance, plus de modération.
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