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L'info de l'Histoire : la mort de Louis XVI et le président Macron

L'actualité remise en perspective chaque samedi, grâce à l'historien Fabrice d'Almeida. Samedi 21 janvier, c’est l’anniversaire de la mort du roi Louis XVI.
Article rédigé par Fabrice d'Almeida
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Emmanuel Macron portraituré en Louis XVI lors d'une manifestation à Paris le 5 mai 2018 (GERARD JULIEN / AFP)

C’est une des grandes scènes de l’histoire de France. Louis XVI avait été condamné à mort par la Convention, transformée en haute cour. Il était poursuivi de 33 chefs d’accusation dont le but était de montrer sa trahison de la Révolution. Une seule séance a été consacrée à sa défense, menée par son avocat, Malesherbes, ancien juge, célèbre botaniste et humaniste. Les députés avaient voté un à un sur sa peine, et le 17 janvier 1793 la sentence est tombée : la mort.

Le 21 janvier, le roi est sorti de sa cellule après des adieux à sa famille et une confession. Très digne, il est monté sur la charrette qui devait l’emmener place de la Révolution, l’actuelle place de la Concorde. Il faut imaginer la foule considérable qui s’est massée le long du cortège, depuis la prison du Temple. La Garde nationale et les troupes mobilisées en masse encadrent la foule. Après les grands boulevards, le cortège passe par l’actuelle rue Royale, avant d’atteindre le lieu de supplice, à l’entrée des Champs-Élysées.

Il est 10 h du matin. Le roi monte sur l’échafaud. Sanson, le célèbre bourreau, et ses aides l‘accueillent. Louis XVI tente un bref discours : "Je meurs innocent". Puis alors que les tambours roulent de nouveau, il est préparé : cheveux coupés, col coupé. Installé sur la planche. Soudain, le couperet tombe. La tête du souverain est immédiatement présentée à la foule. Elle déclenche des manifestations de joies. On chante La carmagnole.

Emmanuel Macron souvent comparé à Louis XVI 

Cette comparaison revient en particulier à chaque grande mobilisation sociale. Ne doutons pas qu’elle va revenir sur les retraites aussi. Mais c’est surtout au moment de la crise des "gilets jaunes", en 2018 et 2019, que l’on a insisté sur ce parallèle.

Rappelez-vous : les maires avaient repris les cahiers de doléances, comme ceux qui avaient précédé les États Généraux de 1789, convoqués par Louis XVI. Puis des manifestants n’avaient pas hésité à faire des pancartes avec la tête du président au bout d’une pique. Et les tentatives de pénétrer dans le périmètre de sécurité du faubourg Saint-Honoré étaient comparées à la prise de la Bastille ou à la marche sur Versailles. Versailles où le président a reçu chefs d’État étrangers et grands patrons, comme jadis les rois. Bien sûr, la presse internationale s’est régalée de cette dimension historique.

En fait, Emmanuel Macron a lui-même réintroduit la figure de Louis XVI dans la vie politique. C’était en 2015, il n’était alors que ministre de l’Économie et avait donné une interview au journal Le 1. Il y soulignait combien la mort du roi avait changé la perspective de la vie publique dans notre pays. Depuis, selon lui, les Français vivent dans une dialectique de rejet de l’autorité ouvrant sur un vide au sommet, d’une part, et, de l’autre, une exigence de retour de l’autorité et de verticalité, que la Ve République tente de combler avec les pouvoirs étendus du président. C’est là que se loge la difficile question de l’incarnation du pouvoir.

Le 21 janvier, certains fêtent la mort du roi, comme les membres de La France insoumise qui se réunissent chaque année à l’invitation d'Alexis Corbière pour manger une tête de veau, en mémoire de ce roi mené à l’abattoir. D’autres au contraire s’inquiètent de ce précédent, alors que s’ouvre la mobilisation sur les retraites.

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