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L'info de l'Histoire. Réindustrialisation : la bonne vieille industrie française

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Article rédigé par franceinfo, Fabrice d'Almeida
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Publié Mis à jour
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Le président français Georges Pompidou à l'Elysée le 12 décembre 2019 (KEYSTONE PICTURES USA / MAXPPP)

Alors que le président Emmanuel Macron sonne le rassemblement autour de la réindustrialisation de la France, revenons sur les rapports entre l’industrie et l’État, dans la longue durée. Cette histoire commence dès Colbert, qui crée l’industrie dans notre pays en faisant venir des maîtres verriers de Venise, en 1665, pour produire des miroirs dont nous étions très friands. Ainsi, dès l’origine, les rapports de tutelle étaient posés entre un État commanditaire et quelques secteurs performants, notamment celui du luxe.

Rares ont été les gouvernants, depuis, qui ont voulu imposer notre pays comme compétiteur dans tous les secteurs, de l’industrie lourde aux objets les plus manufacturés. Celui qui symbolise le mieux cette ambition préside la France à son apogée industrielle : Georges Pompidou. En 1972, lors d’une conférence de presse, ce dernier s’était amusé de cette "chère vieille France" de la gastronomie, du gai Paris et du champagne, maintenant dépassée par la révolution industrielle du pays.

Les chocs pétroliers modifient les logiques

Dans les années 1980, la gauche comme la droite défendent l’idée de soutenir des champions français dans la compétition mondiale et permettent à de grandes entreprises de construire des holdings et de délocaliser leur production tout en favorisant la concentration dans des secteurs comme le luxe, la mode et l’agroalimentaire. Nous y gagnerons quelques grandes réussites, mais le tissu industriel s’étiole, au profit d’une économie de service. Malgré les promesses sur l’économie de la connaissance, ce pari n’est pas gagnant.

Mais on tarde à en tirer les conséquences. Ce n’est vraiment que vers le milieu des années 2000 que la question revient. Un des porteurs de cette stratégie de réindustrialisation est Arnaud Montebourg. Au ministère de l’Économie,, il défend en 2012 le patriotisme économique. Paradoxalement, à l’époque Emmanuel Macon conteste cette vision étroite du "Made in France", et son parfum protectionniste. Il pense que le pays a plus à gagner avec une économie ouverte.

Depuis, sa pensée a évolué. Aujourd’hui, il promet une réindustrialisation et une défense de notre pré carré tout en respectant l’écologie. On le voit, un nouveau modèle économique s’impose à nos élites. Son succès dépendra sans doute de l’action de l’État, comme toujours en France.

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