Jérôme Cahuzac, une démission "exemplaire" ?
Lui aussi ministre du Budget, lui aussi remercié, mais plus
tardivement : Eric Woerth, dont le camp politique observe aujourd'hui une
retenue notable vis-à-vis de Jérôme Cahuzac et de ses ennuis judiciaires. C'est
ce que souligne le patron de l'UMP Jean-François Copé sur I-Télé : " Contrairement
à la gauche pendant les cinq dernières années, nous avons refusé toute chasse à
l'homme. J'aurais aimé que la gauche fasse preuve de la même dignité et de la
même retenue, alors qu'elle a sali en particulier Eric Woerth " .
Woerth-Cahuzac : sur Europe 1, le député socialiste et ancien
ministre Jean Glavany reprend la comparaison à son compte, mais en tire une
conclusion toute différente : " il y a deux écoles. D'un côté, un
ministre est mis en cause et il ne démissionne pas ; on en a vu un mis en cause
une fois, deux fois, dix fois et qui n'a pas démissionné ; un jour on
découvrira qu'il était peut-être coupable. Et puis il y en a un autre qui est
mis en cause, donc on l'oblige à démissionner, et on va découvrir peut-être un
jour qu'il est innocent. Je considère que cette méthode-là est plus saine par
rapport à la démocratie " .
"Une décision forte mais nécessaire "
Pour la majorité, la démission de Jérôme Cahuzac serait donc
exemplaire : une démission express, en trois petites heures, conforme à cette
République irréprochable promise par François Hollande pendant la campagne
présidentielle. Invité de Canal Plus, le président du groupe PS à l'Assemblée
Bruno Le Roux a indiqué qu'il y a eu " l'ouverture d'une enquête, et que 3
heures après il y avait la démission du ministre. Dites-moi dans quel
gouvernement précédent les choses se sont passées de la même façon? "
Pour Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif,
invité de France Inter,* " c'est une décision qui conforte l'exemplarité
des pratiques politiques. Le Président en avait fait un point d'honneur, sa
pratique est en conformité avec ses engagements. Il a pris une décision forte
mais nécessaire"* .
Egalement sur France Inter, le député UMP des Alpes
Maritimes Eric Ciotti invite la majorité à la prudence : " J'espère que
Jérôme Cahuzac est innocent, parce que sinon ce sera un coup terrible pour la
démocratie et cette République exemplaire que prônait le 'président normal'
foutra le camp. Porter atteinte à la crédibilité de la parole publique, c'est
porter atteinte à notre fonctionnement démocratique et ouvrir la voie à un
populisme qui est en train de monter dans notre pays " .
Une démission au mauvais moment
Pour l'heure, l'affaire Cahuzac fragilise le gouvernement
alors que la France vit des temps difficiles, déplore l'ancien premier ministre
Alain Juppé : " on nous a expliqué que Jérôme Cahuzac était une des
pièces maîtresses de ce gouvernement, au moment où la discussion budgétaire
s'amorce et où la France est dans une situation extrêmement grave " .
Pour le Président comme pour son Premier ministre, le moment
est en effet très délicat : Jean-Marc Ayrault défend sa politique cet
après-midi à l'Assemblée, en réponse à la motion de censure déposée par la
droite, et le Président sera la semaine prochaine à la télévision pour tenter
d'enrayer sa chute vertigineuse dans les sondages. Une opération " reconquête
de l'opinion " mise à mal avant même d'avoir commencé.
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