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"Aquarius" : "Depuis des années, l'Europe a fermé les yeux sur ce problème qui est collectif", estime la députée Amélie de Montchalin

Alors que l'Aquarius, le bateau humanitaire avec 629 migrants à son bord, fait actuellement route vers l'Espagne, Amélie de Montchalin, députée LREM de l'Essonne, a regreté sur franceinfo que "depuis des années l'Europe a fermé les yeux sur ce problème qui est collectif."

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Amélie de Montchalin, députée LREM de l'Essonne, invitée de franceinfo le 14 juin 2018. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

Invitée jeudi 14 juin sur franceinfo, Amélie de Montchalin, députée LREM de l'Essonne, est revenue sur le scandale de l'Aquarius, le bateau humanitaire avec 629 migrants à son bord, qui fait actuellement route vers l'Espagne. Elle regrette que "depuis des années l'Europe a fermé les yeux sur ce problème qui est collectif." Autre sujet sur lequel la députée a rebondi : la polémique suite aux propos d'Emmanuel Macron, qui parle de "pognon de dingue" au sujet des aides sociales versées par la France. Pour Amélie de Montchalin, "la plus grande violence n'est pas de savoir si les mots sont les bons, c'est de se dire qu'on met autant d'argent collectivement [...] et qu'il y a 9 millions de Français qui ne sortent pas de la pauvreté."


franceinfo : Faites-vous partie de ces députés, assez nombreux, qui regrettent que la France n'ait pas eu un geste humanitaire envers les réfugiés de l'Aquarius ?

Amélie de Montchalin : Ce que je regrette c'est que depuis des années l'Europe a fermé les yeux sur ce problème et a laissé les pays où les migrants arrivent, que sont l'Italie et l'Espagne, gérer seuls ce défi qui est collectif. Dans son discours de la Sorbonne, Emmanuel Macron a été très clair : soit l'Europe décide enfin de gérer collectivement ce défi et trouve des solutions qui permettent que ces drames humanitaires ne se reproduisent pas, soit on continue de se mettre la tête dans le sable. On reprend totalement la main. Vendredi 15 juin, on reçoit le président du Conseil italien en France. Nous avons actuellement des discussions au plus haut niveau entre la France et l'Allemagne sur ce qui doit être proposé le 30 juin au prochain Conseil européen.

Le ministre de l'Intérieur allemand a proposé à l'Autriche et l'Italie un axe anti-immigration, on a donc l'impression que la France est de plus en plus isolée sur ce point ?

Il est essentiel qu'il y ait une clarification en Europe. Depuis des années, on tourne autour du pot collectivement en laissant l'Italie et l'Espagne, quotidiennement, gérer un défi qui est bien plus grand que leur capacité. L'Italie était légitime à demander que le débat se ré-ouvre, elle était cynique de se servir de ce drame humanitaire pour le faire, mais aujourd'hui tout le monde est au travail pour que ça ne se reproduise plus avec des vraies solutions.

Quand le président explique que les aides sociales coûtent un "pognon de dingue", vous estimez que c'est un langage adapté aux Français concernés ?

Ce qui me heurte c'est qu'il y a 9 millions de Français qui ne sortent pas de la pauvreté, pas parce qu'on ne serait pas assez généreux, pas parce que le niveau des aides n'est pas le bon, mais parce qu'on a un système aujourd'hui qui est complexe, stigmatisant, dont on ne sort pas et qui fait que 30% des personnes qui pourraient avoir droit aux aides ne les demandent pas, parce qu'elles considèrent qu'elles perdraient leur dignité. Quand vous faites une demande de RSA, en moyenne vous attendez 6 mois pour être accompagné. Ça veut dire qu'aujourd'hui on n'a ni prévention, ni émancipation par le travail, ni accompagnement et c'est là-dessus qu'on doit travailler. Le système ne marche pas. La plus grande violence n'est pas de savoir si les mots sont les bons, c'est de se dire qu'on met autant d'argent collectivement.

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