Sommet migrants : "Il faut une solution commune sinon le projet européen est menacé"
Alors qu'un mini-sommet des chefs d'État et de gouvernement de l'Union européenne pour traiter de la migration s'organisera ce dimanche, le député LREM Aurélien Taché milite pour une décision "commune".
Dimanche 24 juin se tiendra un mini-sommet des chefs d'Etat et de gouvernement d'au moins 16 pays de l'Union européenne pour traiter de la migration avant le sommet qui se tiendra les 28 et 29 juin à Bruxelles. Boycottée par les pays de l'Est, la réunion risque d'être un échec. La chancelière allemande Angela Merkel a exclu vendredi 22 juin qu'il puisse y avoir une "solution" européenne sur les migrants, les différents pays européens restant profondément divisés sur la question.
"Il faut qu'on ait une solution européenne qui se mette en place. Sinon, pour la première fois, le projet européen est menacé", a affirmé vendredi 22 juin sur franceinfo Aurélien Taché, député LREM du Val-d'Oise. Dimanche, "les pays de l'Est ne sont pas là", souligne le député, "mais il faut que les autres pays d'Europe arrivent à avancer ensemble."
L'arrivée de Matéo Salvini au pouvoir en Italie "complique" les choses sur la question des migrants, affirme Aurélien Taché. "Il ne respecte strictement aucune des règles qui sont la base du droit international."
franceinfo : Pourquoi avoir autant attendu pour tenter de bâtir une solution européenne sur la question des migrants et de l'asile, est-ce que le fait que l'Italie ait refusé l'Aquarius a provoqué un électrochoc ?
Aurélien Taché : Tout à fait. Cela a été un électrochoc. Il est vraiment regrettable que cet électrochoc n'ait pas eu lieu avant que des mouvements comme celui de monsieur Salvini arrivent au pouvoir. Au moment où les mécanismes [de relocalisation des migrants] avaient été tentés en 2016, il y avait eu certes la France qui n'a pas respecté les quotas. Mais l'Italie n'a pas vraiment joué le jeu pour ouvrir des hotspots sur leur territoire parce qu'ils avaient la crainte que tout le monde reste. Aujourd'hui on se trouve dans une situation où l'extrême droite arrive au pouvoir en Italie, où elle monte en Allemagne. La seule qui avait eu du courage à cette époque c'était Angela Merkel. François Hollande a essayé d'accompagner ce mouvement. Mais on voit qu'on n'a pas été au bout et cela va être de plus en plus difficile.
Est-ce qu'il est possible de s'entendre avec Matéo Salvini, le ministre de l'Intérieur italien, qui multiplie les déclarations incendiaires depuis quelques jours ?
Cela va être très compliqué. Il ne respecte strictement aucune des règles qui sont la base du droit international, en refusant des navires qui sont avec des personnes en détresse, en situation humanitaire d'accoster dans son port. On va avoir un jeu qui sera compliqué. Ce qui est paradoxal, c'est que monsieur Salvini est un nationaliste. Il prône une solution européenne que refusent ses amis nationalistes en Europe de l'Est. On est dans cet étau entre des pays de l'Est qui prônent une fermeture des frontières, qui prônent un nationalisme que le président Macron a qualifié de lèpre.
Que signifie ce terme de lèpre employé par Emmanuel Macron ? C'est le nationalisme, le populisme ou du néofascisme ?
Ce sont ces idéologies mortifères qui consistent à penser qu'en se refermant sur soi-même, qu'en refusant des gens qui sont menacés de mort dans leur pays, on peut faire grandir son propre pays. C'est quelque chose qu'on doit refuser. Dimanche ce sera extrêmement important. Je ne pense pas que ce soit déjà un échec. Les pays de l'Est ne sont pas là mais il faut que les autres pays d'Europe arrivent à avancer ensemble. Il faut qu'on ait une solution européenne qui se mette en place. Sinon, on voit bien que pour la première fois, le projet européen est menacé.
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