"Depuis 25 ans, nous avons accéléré la relocalisation de la production en France", assure le directeur du site industriel de Bazainville du groupe Krys

Christophe Lallau, directeur général du site industriel de Bazainville du groupe Krys est l'invité éco de franceinfo, vendredi, à l'occasion du salon du Made in France.
Article rédigé par Isabelle Raymond
Radio France
Publié
Temps de lecture : 7 min
Christopha Lallau, directeur général du site industriel de Bazainville du groupe Krys, le 10 novembre 2023. (RADIOFRANCE / FRANCEINFO)

Le malon du Made in France se tient, du 9 au 12 novembre, porte de Versailles à Paris. Parmi les participants au salon, il y a le groupe Krys, le célèbre opticien. Le groupe possède un site de production et de logistique situé à Bazainville, dans les Yvelines, dans lequel il rapatrie une partie de sa production de verres haut de gamme.

Christophe Lallau, directeur général du site industriel de Bazainville du groupe Krys est l'invité éco de franceinfo le vendredi 10 novembre.

franceinfo : Vous avez décidé chez Krys d'augmenter considérablement la production de verres en France. Pourquoi ?

Christophe Lallau : Tout d'abord, la production en France, c'est dans l'ADN de la coopérative. Ça fait 25 ans que nous avons choisi de produire en France, pour deux raisons principales : d'abord garantir notre indépendance, et ensuite assurer la compétitivité de nos magasins en important le meilleur de la technologie au meilleur prix à nos porteurs.

Vous avez prévu d'augmenter la production de verres de l'ordre de 30%. Est-ce que cela suppose des travaux et des investissements considérables ?

Oui, le plan d'investissements que nous sommes en train de terminer, "CAP 2023", prendra son envol tout début janvier avec cette augmentation de capacité : plus de 5 000 m2 de bâtiments, 23 millions d'euros d'investissements dans des machines, des équipements, des infrastructures pour produire plus de verres à forte valeur ajoutée "Origine France Garantie", et toujours dans des conditions respectueuses de l'environnement et en préservant la qualité et les conditions de travail de nos collaborateurs.

Avec des subventions publiques de la part de l'État et de la région Ile-de-France. Cela suppose également des embauches ?

Tout à fait. Notre plan prévoit une cinquantaine d'embauches. Donc à horizon mi-2024, nous aurons embauché 50 personnes pour servir cette augmentation de capacité.

À terme, vous avez prévu de produire combien de verres par an ?

1 800 000 verres par an. Des verres à forte valeur ajoutée qui sont généralement des verres de première paire avec un fort contenu technologique de protection des porteurs en termes de santé : UV, anti lumière bleue. Mais aussi en qualité de vision avec l'intégration des derniers paramètres que nous pouvons remonter de nos magasins.

Est-ce que ces verres produits en France, à haute valeur ajoutée, coûtent plus cher à fabriquer dans notre pays qu'ailleurs dans le monde ?

Oui, la production en France coûte plus cher, entre 10 et 25% suivant les produits, mais il y a des moyens de lutter contre ces surcoûts. D'abord par une très forte automatisation, un travail sur l'ensemble des processus, et c'est ce que nous faisons chez Krys Groupe depuis de nombreuses années. Nous avons un outil qui est moderne, à la pointe de la technologie. Nous n'avons cessé d'innover, y compris dans les équipements de production et dans les flux de production, pour être capable de sortir des produits qui soient accessibles pour le consommateur tout en étant au meilleur de ce que la technologie peut proposer actuellement.

Est-ce le bon moment pour rapatrier une partie de sa production en France ?

C'est dans notre ADN. Depuis 25 ans, nous avons accéléré la relocalisation des productions Dès la sortie du Covid, la décision a été prise. Avant, la production était en Asie essentiellement, en Chine ou en Thaïlande. La volonté est donc vraiment de rapatrier en France le maximum de production. Et si on ne fait pas rapatrier en France, on rapatrie sur l'Europe.

La production de verre consomme beaucoup d'énergie. Est-ce que la facture a beaucoup augmenté ces derniers temps ?

Effectivement, ça a été une des difficultés de cette année 2023. Cette année nous payons l'énergie quatre fois plus cher qu'en 2021. Mais nous faisons le pari que cette augmentation est conjoncturelle, que les coûts d'énergie vont revenir à leur niveau de 2021, un niveau plus acceptable dans les années qui viennent et nous misons sur le long terme en essayant de gommer ou d'absorber ce surcoût temporaire pour continuer notre développement.

Est-ce que ces lunettes ont un coût plus élevé ?

L’un des gros avantages de ce groupe, c'est que c'est une coopérative de distributeur-producteur.

Christophe Lallau

franceinfo

Cette intégration verticale nous permet de maîtriser la chaîne de valeur et de proposer des produits de dernière technologie à des prix très accessibles pour le consommateur. Il n'y a pas d'intermédiaire. L'outil industriel et logistique est au service des magasins et on n'a pas d'actionnaire à rémunérer. L'ensemble de la valeur que nous pouvons dégager en centrales va vers les magasins pour leur assurer la compétitivité, le meilleur service de leur porteur.

Vos lunettes, elles sont "Origine France Garantie", est-ce que ça compte pour le client ?

La certification "Origine France Garantie" est extrêmement importante pour nous. Tout d'abord parce que nous avons été les premiers à avoir un verrier certifié, en 2012, quelques mois après la création du label par Yves Jégo. Cette certification avait déjà de la valeur avant le Covid, elle en a de plus en plus et le consommateur y voit un gage d'assurance qualité et de bon équilibre qualité-prix. Mais c'est aussi un point intéressant pour nos collaborateurs qui sont fiers de mettre en avant ces produits qui sont fabriqués chez nous, dans notre usine en France. On arrive à être sur des prix de verres qui sont tout à fait comparables avec d'autres produits venant d'Asie, du fait de notre intégration verticale justement.

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