Médicaments génériques : "Nous sommes totalement dédiés aux pharmacies françaises", déclare le président du laboratoire Cristers
Olivier Duclos est le président de Cristers, un laboratoire français de médicaments génériques, unique en France, puisqu'il fait partie de la coopérative Welcoop, détenue à 100% par des pharmaciens d'officine, lui-même, étant pharmacien de profession. 4 000 pharmaciens sont sociétaires et le laboratoire possède entre 1 500 et 1 800 pharmacies clientes sur le territoire français.
franceinfo : Combien distribuez-vous de millions de boîtes de médicaments à vos clients ?
Olivier Duclos : 13 millions de boîtes de médicaments par an et ce sont tous les médicaments génériques. Cristers couvre environ 90% du top 100 des références qui sont les plus demandées pour les patients et 75% du besoin global des pharmacies d'officine en termes de besoin de médicaments génériques.
Quels domaines thérapeutiques couvrez-vous ?
On va couvrir tous les domaines thérapeutiques principaux des maladies chroniques, la diabétologie, la cardiologie, la dermatologie, la gastro-entérologie, le système nerveux central. On a du paracétamol également et sa particularité est qu'il est fabriqué en France, dans une usine française.
Qu'est-ce qui pousse une coopérative de pharmaciens à créer un laboratoire de médicaments génériques ? Comment est-ce que cela fonctionne ?
L'enjeu pour la coopérative Welcoop est de proposer le plus grand large panel de solutions pour ces pharmaciens coopérateurs. On sait que le médicament générique est une activité importante de l'officine en France et donc avoir cette solution au sein de la coopérative Welcoop était une évidence quand ils ont racheté le laboratoire Cristers en 2008.
Où sont produits vos médicaments ?
On a pour mission et vocation de développer une production française dans le cadre de la souveraineté industrielle. Donc 40% de notre production est faite en France et au global, 75% de la production des médicaments pour Cristers est fabriquée en Europe.
On parle beaucoup de pénurie de médicaments. Est-ce que vous y avez été confronté ?
Tous les acteurs ont été confrontés à la pénurie de médicaments, notamment celle de 2023. Chez Cristers, ce qui nous a différenciés pendant cette période, c'est que nous avons dédié 100% de notre stock au marché français. Nous sommes détenus par une coopérative et la gouvernance de cette coopérative, ce sont des pharmaciens. Il est, donc, clair que tous les stocks que l'on a sont forcément livrés aux services des pharmacies d'officine françaises. Ça nous a permis pendant un temps de résister dans de bonnes conditions face à ces conditions de pénurie l'an passé. Aujourd'hui, on est revenu avec un taux de service qui est parmi les meilleurs du marché depuis début 2024, avec moins de 10% de taux de rupture sur l'ensemble de notre offre de produits.
Est-ce qu’après cette crise-là, plus de pharmacies ont souhaité recourir à vos services ?
L'an dernier nous a donné l'opportunité d'expliquer le modèle coopératif auprès des pharmacies d'officine, qui pour certaines découvraient Cristers. On leur a expliqué pourquoi nous avions du produit et quelles étaient les vertus finalement de ce modèle, avec ce stock dédié pour le marché français et le fait d'être concentré exclusivement sur le marché français. Ce qui est important, c'est la notion du prix, parce qu'on sait que le prix du médicament en France est relativement bas par rapport aux autres marchés européens. Or, notre gouvernance de coopérative avec des pharmaciens fait par essence que l'on n'arbitrera jamais un choix de livraison d'un produit vers un autre pays plus lucratif puisque nous sommes totalement dédiés aux pharmacies françaises.
Plusieurs acteurs du marché disent que le modèle du générique fabriqué en France n'est pas vraiment viable parce que la politique est trop peu attractive. Est-ce un diagnostic que vous partagez ?
Le médicament générique en France est, effectivement, soumis à une pression économique forte, c'est par essence sa vocation, puisqu'il est 60% moins cher que le médicament princeps. Il contribue à faire faire des économies au système de santé français, donc, par essence, la pression du prix est forcément élevée. Aujourd'hui, effectivement, le fait d'être détenu par une coopérative de pharmaciens, nous permet d'avoir des seuils de rentabilité qui nous permettent de maintenir certaines références. Tout l'argent qu'on pourra gagner au sein du laboratoire Cristers et de la coopérative Welcoop sera réinvesti systématiquement pour réalimenter, si je puis dire, les pharmacies avec l'argent et l'économie de la santé.
Je reviens sur un chiffre que vous nous avez donné au tout début, vous avez 90% des molécules du top 100 du répertoire génériques. Avez-vous l'ambition d'arriver à 100% ?
On a aussi 75% du besoin global pour les pharmaciens d'officine et notre ambition est de développer la couverture de ce besoin global et d'atteindre les 85% avec du générique. Mais aussi avec de l'hybride, donc les traitements contre l'asthme, mais aussi les biosimilaires qui sont aujourd'hui attendus en substitution par les pharmaciens d'officine.
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