Obésité : le médicament Wegovy arrive en France, il permet "15% de perte de poids et 15% de réduction du risque cardio-vasculaire"

Le médicament anti-obésité Wegovy arrive en France dès mardi, mais sera disponible seulement dans un parcours de soins précis. Etienne Tichit, le directeur général France de Novo Nordisk, indique que ce médicament permet de diminuer les risques cardiovasculaires liés à cette maladie.
Article rédigé par Isabelle Raymond
Radio France
Publié
Temps de lecture : 7 min
Etienne Tichit, directeur général France de Novo Nordisk. (RADIO FRANCE)

Très populaire aux États-Unis, le Wegovy est un médicament destiné aux patients souffrant d'obésité sévère. Le laboratoire danois Novo Nordisk qui le fabrique est la première capitalisation boursière d'Europe. Mardi 8 octobre, il arrive dans les pharmacies françaises, avec un encadrement strict, de la part de l'Agence de sécurité du médicament.

franceinfo : Etienne Tichit, vous êtes le directeur général France de Novo Nordisk. Est-ce que vous comprenez cette prudence ?

Etienne Tichit : Notre entreprise Novo Nordisk est détenue par une fondation. À ce titre, on a la responsabilité à la fois de développer des innovations, de maîtriser l'ensemble de la chaîne de production et aussi de travailler en amont sur toute la partie prévention. Donc, pour nous, les maladies chroniques depuis plus de 100 ans, c'est excessivement important. Quand on parle d'un traitement de l'obésité aujourd'hui, bien évidemment, on parle d'une innovation qui se doit d'être accompagnée aussi par l'ensemble des professionnels de santé.

C'est le premier médicament de ce type commercialisé en France, il ne s'obtiendra que sur ordonnance de la part d'un spécialiste en endocrinologie-diabétologie-nutrition et ne sera pas remboursé dans un premier temps par la Sécurité sociale. Est-ce une bonne chose ?

Depuis maintenant trois ou quatre ans, on réussit à établir un parcours de soins, une prise en charge des recommandations mentionnant le produit en question. Et donc pour nous, c'est une très bonne nouvelle dans le sens où, en complément de tout ce qui peut être règles d'hygiène de vie et traitement médicamenteux, ça fait partie du parcours de soins.

Il faudra que ce soit un spécialiste qui prescrive ce médicament, il faudra que d'autres traitements aient échoué auparavant, il faudra avoir moins de 65 ans, un IMC particulier. Tout cet encadrement est-il nécessaire pour montrer que c'est un médicament et non pas un coupe-faim ?

Exactement, c'est un médicament. C'est une innovation importante aujourd'hui, quand on a 10 millions de Français qui sont touchés par l'obésité.

En France, 8% de la population souffre d'obésité, et un tiers de surpoids ou d'obésité. Le marché est énorme.

C'est énormément de patients à traiter. Mais au-delà du poids, il faut aussi préserver les autres organes. Et ce qui nous paraît important, c'est toute la sphère cardio-métabolique, celle sur laquelle on a une vraie légitimité depuis plus de 100 ans chez Novo Nordisk. Parce que dans ce contexte-là, on peut prévenir des accidents cardio-vasculaires et des infarctus du myocarde.

"Derrière, l'objectif, ce n'est pas seulement de perdre du poids, c'est aussi de s'assurer de la survie cardiovasculaire."

Etienne Tichit, directeur général France de Novo Nordisk

à franceinfo

Quels sont les résultats de votre médicament ?

Entre 15% et 17% de perte de poids, et 15% de réduction du risque cardio-vasculaire.

Quel est le prix qui sera préconisé pour ce médicament ? Le Wegovy arrive sur le marché entre 274 euros et 365 euros par mois, cela reste quand même extrêmement cher, d'autant qu'il n'est pas remboursé par la Sécurité sociale.

C'est un prix indicatif que vous évoquez. Dans un environnement de médicaments non remboursés, les marges des différents acteurs sont libres, et donc variables.

Est-ce que vous espérez le remboursement par la Sécurité sociale ?

On l'espère, et en tout cas, on fait tout pour prouver aux autorités sanitaires que, aujourd'hui, on va bien plus loin que la prise en charge du poids. On traite aussi le cas.

Quelles conséquences pour la France et notamment pour le site de production de Chartres qui emploie aujourd'hui 1 750 personnes ? Est-ce que ce médicament sera fabriqué en France ?

Le 23 novembre 2023, nous avons communiqué, en présence du président Emmanuel Macron, l'extension de notre site avec un investissement record de 2,1 milliards d'euros, pour construire une gigafactory de santé. Il s'agit de faire en sorte qu'on puisse à la fois continuer à produire les traitements historiques, à l'insuline, et aussi ce nouveau traitement.

Est-ce que vous espérez donc produire ce médicament en France ?

En tout cas, on va tout faire pour pouvoir le produire à un moment donné en France.

De quoi est-ce que cela dépend ?

Je pense que c'est pluri-factoriel. Ce qui est important pour nous, c'est aujourd'hui d'avoir des lignes de production sur le site de Chartres qui nous permettent d'accueillir toutes les innovations du groupe. Et typiquement, celle-ci en fait partie.

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