Pouvoir d'achat : le dividende salarié pourrait représenter "un réel 13e ou 14e mois", selon le PDG du groupe Luminess
Faut-il instaurer un dividende salarié pour les employés, au même titre que pour les actionnaires ? Thibault Lanxade, patron de Luminess et ancien vice président du Medef, est un des premiers défenseurs de cette idée.
Plus de 57 milliards d'euros ont été versés l'an dernier par les entreprises du CAC 40 en dividendes, selon l'ONG L'observatoire des multinationales. Pour que les salariés en profitent, comme les actionnaires, l'idée fait son chemin d'instaurer un dividende salarié ? Thibault Lanxade, patron de Luminess et ancien vice président du Medef, a remis plusieurs rapports sur le dividende salarié à Emmanuel Macron, qui en a fait une promesse de campagne.
>> À quoi pourrait ressembler le dividende salarié, proposé par le gouvernement ?
Ce dividende prendrait la forme "d'une extension de la participation", explique Thibault Lanxade, invité éco de franceinfo, lundi 14 novembre. Pour lui la "participation doit être simplifiée, car la formule actuelle est très compliquée". L'entrepreneur estime "qu'il faut la renforcer pour construire le dividende salarié, car la participation est une formule de calcul au plus près des dividendes."
Il rappelle également que mieux partager la valeur des entreprises est un principe voulu déjà par le général de Gaulle. Il faut donc "dépoussiérer" la participation, pour la rendre "plus contributive" pour les salariés, afin qu'elle devienne "un réel 13e ou 14e mois".
Pour Thibault Lanxade, il y aujourd'hui des failles à combler. "Par exemple, une entreprise qui verse des dividendes doit pouvoir verser aussi de la participation, car il y a une forme d'injustice". La participation doit être étendue à toutes les PME, selon le patron, sauf celles de moins de 10 salariés. Le dividende salarié, c'est donc faire en sorte que toutes les PME, mettent en place un système pour que les entreprises lorsqu'elles gagnent de l'argent en versent aux salariés. Et il s'agit de les y contraindre par la loi.
"Une réforme du capitalisme"
Si les politiques sont convaincus par cette idée dans la macronie, ou chez les Républicains, ce n'est pas le cas des chefs d'entreprises, qui restent frileux. "C'est normal", estime Thibault Lanxade. "Le patronat sur ce sujet doit obtenir mandat pour pouvoir négocier. Et puis c'est une réforme du capitalisme, c'est une façon plus juste de voir un meilleur partage de la valeur. Ça nécessite une vision nouvelle du partage des richesses", assure Thibault Lanxade.
"Dans un capitalisme sans cesse renouvelé, où l'entreprise a une responsabilité sociale, environnementale, elle doit aussi avoir une responsabilité sur le partage de la valeur."
Thibault Lanxade, patron de Luminessà franceinfo
Pour l'entrepreneur, il faut aller plus loin que l'intéressement et la participation tels qu'ils existent aujourd'hui, et qui représentent, selon lui, déjà 21 milliards d'euros : "Ce n'est pas une cerise sur le gâteau".
Thibault Lanxade considère que le dividende salarié peut financer "une partie du budget de l'État" et espère que la discussion déjà ouverte par les partenaires sociaux sur ce sujet aboutira. Le gouvernement veut organiser une grande conférence sur le partage de la valeur. "Il y aura peut-être un débat à l'Assemblée nationale. En tout cas, ça devrait donner lieu à une loi", estime-t-il.
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