Prix de l'alimentaire : "L'inflation va continuer au moins jusqu'à l'été" à 10%, estime le directeur des achats de Lidl France
"Les négociations commerciales sont en cours, elles concernent les marques nationales françaises qui représentent 10% [des produits] chez Lidl", explique Michel Biero, le directeur des achats de l'enseigne en France, lundi 27 février sur franceinfo, depuis le Salon de l'agriculture. "On est en train de discuter ces contrats. On avait des augmentations sur la table qui allaient de 15% à 40% et même au-delà." Une hausse qui lui permet de dire qu'on "va être aux alentours de 10%" d'inflation pour les prochains mois.
"L'inflation va continuer au moins jusqu'à l'été", estime Michel Biero. Les négociations commerciales annuelles entre fournisseurs, distributeurs et industriels s'achèvent mercredi soir. "Le premier semestre on va rester, à mon avis, sur une inflation à deux chiffres, à 10%", précise-t-il. Cette inflation, "ces hausses de tarifs qu'on vient de passer aux industriels de marques", ne va pas se répercuter immédiatement dans les magasins parce qu'il y a "des stocks dans les entrepôts et dans les magasins". Elle va donc, selon lui, "s'étaler à partir de mars et les mois qui viennent jusqu'au mois de juin ou de juillet."
Parmi les produits touchés par cette hausse, on retrouve "le surgelé" mais aussi "la viande, les produits laitiers, le café, tous les produits vont augmenter." Alors pour pallier ces augmentations, Michel Biero affirme que Lidl, en tant que distributeur, "rogne sur ses marges" pour "contenir au maximum cette inflation".
"Il y a certaines hausses que je n'ai pas acceptées et dont le produit pourrait disparaître de mes rayons."
Michel Biero, directeur des achats de Lidl Francesur franceinfo
Dans ce contexte tendu des prix, le directeur des achats confie également souhaiter que tous les acteurs de la chaîne jouent le jeu : "Faut-il encore que les multinationales jouent la transparence." Il développe ensuite : "Il y a le fait de demander des hausses et puis il y a le fait de les justifier. Moi je n'accepte pas des hausses qui ne sont pas justifiées. Je demande un minimum de transparence, peut-être une facture de l'an passé en comparaison d'une facture de cette année sur l'énergie par exemple. Quand un fournisseur vous demande 20% est-ce que c'est la réalité ou non ?", questionne-t-il avant de lancer : "Il y a certains industriels qui profitent d'une situation".
Enfin, selon l'agence Kantar, Lidl a progressé l'an dernier en France pour atteindre quasiment 8% de parts de marché. Une bonne nouvelle pour Michel Biero : "Merci l'inflation". Il confirme que ce contexte profite à son modèle : "On gagne selon Kantar environ 400 000 nouveaux foyers, tous les mois." Des chiffres qui prouvent d'après lui que "oui, les clients changent leurs habitudes et se détournent des marques nationales qui sont en moyenne 25% plus chères que les marques distributeurs."
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Lors de sa visite samedi dernier au Salon de l'agriculture, Emmanuel Macron a demandé "un effort" aux distributeurs face à l'inflation. "Ceux qui doivent faire un effort sur leurs marges, ce sont les distributeurs", a lancé le président de la République, estimant que les producteurs avaient fait leur part compte tenu de l'explosion de leurs coûts.
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