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Xavier Barbaro (Neoen) : "La décision de Donald Trump peut avoir des conséquences positives"

Le président de la société spécialisée dans le solaire et l'éolien, Neoen, Xavier Barbaro était l'invité de Jean Leymarie, vendredi sur franceinfo, au lendemain de l'annonce par Donald Trump de sa sortie de l'Accord de Paris.

Article rédigé par franceinfo, Jean Leymarie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Xavier Barbaro, PDG de Neoen, le 2 juin 2017, sur franceinfo. (RADIO FRANCE / CAPTURE D'ÉCRAN)

Les réactions dans le monde se multiplient après l'annonce, jeudi 1er juin, faite par Donald Trump de retirer les États-Unis de l'accord de Paris sur le climat. Xavier Barbaro, PDG de Neoen qui a créé la plus grande centrale photovoltaïque d'Europe près de Bordeaux, a indiqué, vendredi sur franceinfo, que "la décision de Donald Trump peut avoir des conséquences positives".

franceinfo : Qu'est-ce que va changer la décision de Donald Trump sur l’accord de Paris ?

Xavier Barbaro : Probablement pas grand-chose. Cela peut même avoir des conséquences positives. Ce que les États-Unis vont ne faire qu’à moitié, d’autres vont devoir le faire à leur place, car le changement climatique oblige quand même la planète à réagir. Je pense que la France et l’UE, avec peut-être des partenaires chinois, vont devoir en faire encore plus.

Craignez-vous un effet dominos après le retrait des États-Unis ?

C’est à nous de prouver que tout cela est un peu vain. Les énergies renouvelables, avant d’être une révolution écologique et sociale, sont une révolution économique. Nous sommes devenus avec l’éolien et le solaire la source d’électricité la moins chère au monde. La Chine et l’UE sont déjà à la pointe dans la majorité des investissements dans ce secteur de l’énergie. L’Afrique est en train d’adopter le renouvelable. Ce n’est pas la conséquence de politiques publiques. C’est simplement un appel d’air, car ces énergies sont propres, rapides à installer et compétitives. Bien sûr qu’on aurait aimé que les États-Unis restent dans l’accord de Paris, mais ça ne change pas cette révolution.

Cela peut-il tout de même remettre en cause certains projets ?

Aux États-Unis oui. Ailleurs probablement pas. De plus, même aux États-Unis, on peut penser qu’il y aura un contre-coup à la décision de Donald Trump. Chez Neoen nous avons vécu la situation en Australie, où du jour au lendemain des politiques anti-renouvelables ont été mises en place. Certaines provinces australiennes ont alors décidé d’avoir leur propre politique renouvelable. Aujourd'hui, je pense qu’en Californie ou en Oregon, par exemple, nous verrons la même chose. Ces États ont raison, ils ont du potentiel. Nous, chez Neoen, nous serons très contents d’aller en Californie pour suivre le mouvement.

Qu’est-ce qui vous retient d’aller aux États-Unis aujourd’hui ?

Il y a eu beaucoup d’incertitudes avant la décision de Donald Trump, au moins aujourd'hui l’incertitude est levée. Le choix de Donald Trump ne nous empêchera pas d’aller aux États-Unis. Au niveau local, on aura des états américains qui voudront du renouvelable. Nous sommes portés par une vague. Quand vous voyez Wallmart, le plus grand distributeur des États-Unis, qui n’est vraiment pas engagé dans une politique écologique particulière, et qui achète beaucoup d’électricité verte, c’est simplement parce que c’est moins cher.

La Chine a fait savoir très vite qu’elle était en pointe contre le réchauffement climatique, qu’attendez-vous de la France ?

Je pense que la France a une responsabilité particulière pour faire vivre l’Accord de Paris. Le nouveau président a donné des signaux assez forts. Attendons de voir ce que ça va donner. C’est assez paradoxal de voir qu’il y a moins de centrales solaires en France qu’en Angleterre. Il y a beaucoup à faire en France. La France doit prendre sa part de l’effort collectif, d’autant plus que l’accord a été signé à Paris.

Qu’est-ce qui manque à la France ?

Il manque de la simplification administrative tout simplement. Aujourd’hui, nous vendons le mégawatt à moins de 60 euros contre 105 euros le mégawatt, il y a deux ans. À l'époque nous étions au niveau des prix des EPR nouvelle génération. Là, nous abordons les prix du nucléaire historique. J'ajoute que nos coûts vont continuer à baisser. Les courbes se sont croisées et l’écart va s’accentuer en notre faveur.

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