Débat immigration: rien de nouveau sous le soleil
Le duel est passé inaperçu ou
presque, tant cet affrontement gauche-droite à coups de chiffres invérifiables
pour le simple mortel relève du marronnier politique : l'UMP présentait
hier ses 41 propositions sur l'immigration pour tenter de réinvestir un terrain
désormais occupé par le Front National. Mais aussi par... Manuel Valls, qui a
pris le contrepied de la gauche sur ces questions, en tenant un langage
réaliste et en poursuivant la politique d'expulsions initiée par Nicolas
Sarkozy place Beauvau. Et le ministre de l'intérieur, en visite
à Calais, a répondu à distance à Jean-François Copé, en ironisant sur une
droite qui a toujours montré ses muscles, avec au final, rien de nouveau sur
les flux migratoires, inchangés année après année.
Le président de l'UMP a donc
initié hier devant ses troupes un discours à double détente, pour réconcilier
un parti divisé sur le sujet. Oubliés les pains au chocolat, enterrée la
droitisation à outrance à la sauce Patrick Buisson, Jean-François Copé,
soucieux de ménager la droite républicaine classique incarnée par Alain Juppé,
a critiqué la vision anti-Schengen, antimondialiste et antilibérale de Marine
le Pen. L'UMP européiste ne peut pas militer pour le repli sur soi au sein de
l'Union.
Mais la même UMP, dans un même temps, a aligné les
propositions musclées.
Il s'agit de parler à la droite
forte, décomplexée, courant majoritaire emmené par Guillaume Peltier et
Geoffroy Didier. Dans les grandes lignes, l'UMP propose de supprimer
l'obtention de la nationalité française pour les enfants nés de parents entrés
ou séjournant illégalement en France. Ce serait une entorse au droit du sol,
initié en 1851. Autre proposition clairement connexe avec le FN, la suppression
de l'aide médicale d'état pour les étrangers malades, de façon à rendre la
France moins attractive.
L'UMP réchauffe ses propositions d'immigration
choisie.
Jean-François Copé veut opter
pour le système à points pratiqué au Canada, à savoir exiger des compétences
linguistiques et un niveau d'études de la part des migrants. Nicolas Sarkozy
lui-même proposait, lors d'une convention UMP similaire organisée avant la
présidentielle de 2007, d'imposer une immigration du travail choisie à la
canadienne, proposition jamais appliquée une fois élu. Dernière piste évoquée,
cette fois empruntée à François Hollande : que le Parlement décide chaque
année d'un nombre d'entrées en fonction de la situation de l'emploi. Encore une
annonce de campagne restée lettre morte.
Au final, le Front national n'aura pas de concurrence
sur le sujet ?
Pas vraiment, non. La
querelle sans fin sur les chiffres en matière d'expulsions, qui oppose UMP et
PS, offre un boulevard à Marine le Pen qui renvoie les partis traditionnels
dos-à-dos, et aligne des propositions tout aussi spectaculaires qu'irréalistes,
notamment la fermeture de nos frontières. Il faut rappeler que c'est encore le
droit du sol qui prévaut dans le système français, même si des territoires
d'immigration clandestine massive comme Mayotte nécessitent une réflexion
concertée. L'immigration mérite un débat serein, pas une foire d'empoigne
électorale. D'autant plus que le sujet n'est pas la priorité des Français, plus
préoccupés par l'emploi et le pouvoir d'achat.
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