Le Front de gauche à l'offensive électorale... contre le PS
30.000 ? 50.000 ? 180.000 ? La bataille de chiffres autour de la manifestation parisienne du Front de gauche hier est finalement presque secondaire. L'important pour Jean-Luc Mélenchon et ses alliés, c'est l'effet qu'elle aura. Et ce qu'il espère c'est qu'elle soit une sorte de lever de rideau sur une nouvelle séquence à gauche. François Delapierre, responsable du pôle idéologie au parti de gauche : "C'est le printemps de la gauche. C'est un nouveau temps du quiquennat qui commence et qui ne peut pas continuer comme le précédent. Ca va se manifester de plusieurs manières. D'abord les gens qui sont ici vont rentrer chez eux gonflés à bloc. Ensuite les actes de désobéissance vont se multiplier dans la majorité. La chaîne ca craquer ".
Et par chaîne, comprenez les "solférinniens", c'est le nouveau nom dont Jean-Luc Mélenchon a affublé ses ex-camarades du PS, en référence à la rue de Solférino à Paris, siège du parti socialiste et antre présumée de tous les coups fourrés. Du coup, c'est l'adversaire politique à abattre en priorité et l'objectif des élections européennes comme l'explique Eric Coquerel, secrétaire à la communication du parti de gauche : "Nous on est républicains. Donc on pense qu'un moment donné, les choses doivent s'exprimer dans les élections. Il y a des élections dans quelques mois notamment européennes, qui nous permettent de faire une démonstration et là, c'est clair, nous voulons passer devant le parti socialiste. pour montrer que le rapport de force est inversé. C'est un processus, celui de la majorité alternative qui commence ici. Et c'est aux élections que le peuple tranchera ".
Au Parti communiste, on préfère rester discret sur la question des élections. Les municipales avec leurs alliances avec le PS incitent à une certaine réserve. Mais si le PC ne partage pas les coups de gueule de Jean-Luc Mélenchon et se voit parfois obligé de suivre, il ne compte pas rester inactif pour l'an II du quiquennat assure son leader, Pierre Laurent : "C'est une bataille. Il faut des initiatives de mobilisations, comme celle-là. Mais il faudra aussi des moments de travail en commun. C'est pour ça que nous avons ouvert la perspective d'assises de la refondation sociale et démocratique que nous tiendrons en juin, où vont venir des forces qui sont ici et des forces qui ne sont pas ici aujourd'hui, mais qui veulent travailler avec nous sur ce nouveau contrat politique ".
Et ces assises auront lieu le 16 juin avec la participation officielle des écolos et de certains poids lourds de l'aile gauche du PS.
PCF sous surveillance
Au PS, selon la vieux principe du "diviser pour mieux régner", on y fait la différence entre Jean-Luc Mélenchon qui "agite du vent " pour la ministre Najat Vallaud-Belkacem, qui serait un "théoricien de la stratégie du chaos " pour Manuel Valls. Et les communistes qui ne seraient pas définivement "perdus". Mais ils sont aimablement avertis de na pas aller trop loin. Le sénateur PS Luc Carvounas, proche de Manuel Valls : "Le parti communiste cogère avec nous nos territoires. Tout ce qui peut faire gagner notre pays, il faut le regarder avec tout l'intérêt que ça peut porter. Donc, non, moi je ne vois pas d'un mauvais oeil cette organisation du 16 juin prochain. Maintenant, moi je serai évidemment attentif à qui participera et surtout à ce qui s'y dira. C'est ça le plus important ".
La bataille est donc lancée à gauche, avec tant de bruit et de fracas parfois qu'elle en oublierait parfois jusqu'à la droite.
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