Municipales : Paris, l'élection reine
Toujours. Mais la
demande est forte, le public en raffole, et les médias disposent d'un
psychodrame politique à portée de rédaction, c'est le jackpot ! La
campagne parisienne sera la mère de toutes les batailles. Une réplique possible
de ce qui s'est produit en 2001 : Lionel Jospin, Premier ministre de
cohabitation, s'apprêtait à affronter le président Chirac à la présidentielle. La victoire
de Bertrand Delanoë contre Jack Lang dans la primaire à Paris, puis contre le
regretté Philippe Séguin en finale, a permis à Jospin de relativiser les
défaites socialistes aux municipales. Il en sera de même pour François Hollande
en 2014 : le fait de conserver Paris, voire de remporter Marseille,
permettrait à l'actuel président de faire mentir tous ceux qui lui prédisent un
destin funeste pour ces élections midterm ,
de mi-mandat.
L'engouement pour Paris se situe à un autre niveau ?
Celui du
prestige : "L'élection dans la capitale, c'est une petite
présidentielle, mais sans le mode de scrutin ", explique l'expert
électoral Xavier Chinaud. Tous les ingrédients sont réunis pour en faire un blockbuster , un n°1 au box-office, avec son
duel de dames inédit. Aucune des deux candidates n'a certes le statut de celui
de Jacques Chirac, qui était ancien Premier ministre de VGE quand il a été élu,
en 1977, premier maire de Paris depuis Jules Ferry. C'était l'époque euphorique
où les faux électeurs et les morts votaient le doigt sur la couture. Les temps
ont changé depuis l'ère Delanoë : une première adjointe socialiste affronte une ancienne ministre de droite. Comme dans n'importe
quelle autre ville. Mais le principe demeure : celle qui l'emportera en
retirera du prestige. Paris reste un marchepied pour l'Elysée.
La campagne est déjà riche en rebondissements.
Il se passe toujours
quelque chose dans le feuilleton parisien. Anne Hidalgo, l'héritière
socialiste, doit combler le vide laissé par Bertrand Delanoë, surtout depuis
ses adieux larme à l'œil hier aux personnels de l'Hôtel de Ville. L'UMP Paris,
pendant ce temps, nous offre une nouvelle saison de la série "la Droite la plus
bête du monde". Les dissidences auxquelles Nathalie Kosciusko-Morizet
fait face - le clan Tiberi, dernier carré corse dans le Vème, ou les
improbables listes Beigbeder- ne sont rien au regard de ce qui se trame en
coulisse au niveau national : aucun ténor, Nicolas Sarkozy en tête, ne
souhaite la victoire de NKM, qui disposerait ainsi d'un solide ticket pour
- Du coup, personne à la direction de l'UMP ne fait le ménage sur le
terrain pour la candidate. Ce qui ne présume en rien du résultat final. Les
sondages successifs, qui ne veulent pas dire grand chose pour un scrutin par
arrondissement, ont le mérite de montrer que même si elle est devancée par sa
rivale socialiste, la candidate de l'UMP résiste plutôt bien, malgré un bashing
insistant.
Tout cela ne va par
lasser les électeurs ?
Détrompez-vous. La
télé produit des prime time qui cartonnent avec moins que ça. Il n'est
même plus question de projet parisien, le seul sujet qui retient vaguement
l'attention étant de savoir s'il faut rouler à 70 ou à 80 km/h sur le périph'. Ce scrutin va ressembler à une tragédie grecque,
avec son lot d'intrigues, de trahisons et ses crimes. De quoi nous tenir en
haleine jusqu'au bout. Pourquoi s'en excuser et pourquoi priver...
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.