Cet article date de plus de dix ans.

Municipales : un front républicain à bout de souffle

Le front républicain contre le Front national appliqué par le PS et rejeté par l'UMPa vécu.
Article rédigé par Jean-François Achilli
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
  (©)

 C'est à se demander à quoi
sert ce mot d'ordre inefficient, d'un autre temps, et surtout, à sens
unique : le Parti socialiste est seul à l'appliquer dans son coin pour tenter
de faire barrage à Marine le Pen. Mais l'UMP s'essuie les pieds dessus, campée
sur son ni-ni.

Le Front national sera
présent au deuxième tour dans 315 communes, et en tête dans 21 d'entre elles,
selon un décompte de l'Agence France Presse ce matin. Les candidats PS ont obéi
à la rue de Solferino, en se retirant à Perpignan ou à Saint-Gilles, ce qui va
compliquer la tâche des frontistes Louis Alliot et Gilbert Collard

Mais deux échecs
retentissants mettent à mal ce front républicain.

Le premier à Fréjus : la
socialiste Elsa di Meo s'est retirée en larmes. Alors que l'UMP Philippe Mougin
et l'ancien maire divers droite Elie Brun se sont maintenus sans complexe. Au
final, le Front national David Rachline conserve toutes les chances de
l'emporter. Et le PS sera privé de conseillers municipaux. Pour Christophe
Borgel, le " Mr élections " du PS, l'UMP va plus loin que le ni-ni à
Fréjus. Tout ça pour ça.

Et le deuxième ratage est un maintien.

C'est le contre-exemple de
Béziers, où le socialiste Jean-Michel Du Plaa ira à la bataille malgré les
injonctions d'Harlem Désir. Robert Ménard, étiqueté Rassemblement Bleu Marine, peut
donc l'emporter, l'UMP Elie Aboud est trop loin derrière. Le candidat PS sera
privé d'investiture, mais est-ce vraiment une punition par les temps qui
courent ?

Ce front républicain n'est pas efficace ?

  Il ne peut pas marcher sur
une seule jambe. Et il repose sur un principe très discutable : celui de
la discipline des électeurs, une belle illusion. Les temps ont changé. Le
discrédit de la classe politique a transformé l'abstention en premier parti de France.

Et les électeurs qui se
déplacent encore ne veulent plus suivre les consignes d'états-majors. Ceux de
gauche qui sont allés aux urnes dimanche n'ont pas forcément envie de voter
UMP, comme ils l'ont fait jadis avec jacques Chirac contre Jean-Marie le Pen à
la présidentielle de 2002. La crise depuis est passée par là, les politiques de
droite comme de gauche ont échoué, la défiance s'est installée. Et le travail
de correction d'image du FN engagé par Marine le Pen commence à produire ses
effets.

Et l'électorat UMP pour sa part ne veut pas voter à
gauche.

Comment lui expliquer qu'il
faut glisser un bulletin PS dans l'urne après le feuilleton des affaires qui a
visé son champion Nicolas Sarkozy ? Mieux encore : une récente
enquête IFOP pour le site Atlantico montre que 55% des sympathisants UMP et 62%
des sympathisants FN souhaitent un rapprochement aux élections locales. Ce qui a rendu possibles les deux accords locaux FN/divers droite à Villeneuve Saint-Georges et L'Hôpital en Moselle. La
porosité entre les deux partis est grande, n'en déplaise à la direction de
l'UMP. Un maire FN, à Hénin-Beaumont, a été élu au suffrage universel, à la
régulière, d'autres peut-être suivront. Marine le Pen prospère sur l'échec des
majorités successives. C'est mécanique, et imparable en démocratie.

François Hollande espère en un
sursaut dimanche. Les chiffres du chômage attendus ce soir font déjà frémir
dans les rangs de la majorité.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.