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Rentrée 2014 : Hollande change de logiciel

François Hollande poursuit ce lundi son marathon des vœux à la Nation. Le président, pour faire bouger les lignes en 2014, s'est donné un mot d'ordre : "La barre au centre".
Article rédigé par Jean-François Achilli
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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Ou "soigne ta droit e" !
Il y a des signes qui ne trompent pas : le style, le ton n'ont peut-être
pas vraiment changé, mais le message, oui. Les vœux télévisés du 31 décembre ont
marqué un virage dans le quinquennat: le président, dont l'adversaire
durant la campagne était la finance, a décidé, moins de deux ans après son
élection, de tendre la main aux patrons, pour faire baisser leurs charges et
les inciter à embaucher. Changement de discours, changement de doctrine, les
tenants d'une gauche sociale orthodoxe vont devoir réviser leurs fondamentaux
et injecter une forte dose de libéralisme dans leur logiciel. Ça ne vous
rappelle rien ?  Mars 1983 : François
Mitterrand, après avoir constaté l'échec de la mise en application du programme
commun, opté pour "le tournant de la rigueur ", mis en musique par le
ministre de l'économie et des finances Jacques Delors, un père en politique pour
l'actuel président. François Hollande veut s'offrir son tournant à lui, avec moins de dépenses publiques, moins d'abus à
la sécu, moins d'impôts, moins de charges pour les entreprises, et, il l'espère
au bout de la chaine, moins de chômage. Sortez de corps, Tony Blair ou Gerhard
Schröder...

Le patronat a dû retrouver le sourire pour 2014 ?

"François Hollande sait
bien qu'il ne peut pas gagner sans les entreprises", expliquait hier un
proche de Pierre Gattaz, le président du Medef, avant d'ajouter avec la
méfiance de rigueur : "Même si cela va dans le bon sens, nous allons
jauger dans les prochaines semaines sa capacité à mener à bien ses
décisions
". Tout sera donc dans le contenu, encore flou, de son pacte de
responsabilité aux entreprises, dont il révèlera la teneur devant la presse le
14 janvier à l'Elysée. Le Medef n'a pas l'intention de se laisser imposer une
obligation d'embaucher. Le chômage de masse risque de durer si la croissance
n'est pas au rendez-vous.

L'Elysée a jaugé ce que ce virage peut provoquer à
gauche ?

L'aile gauche du PS, avant
même les vœux, a promis de garder sa liberté de parole en 2014. Les Verts et le
Front de gauche vont trouver là de nouvelles raisons de s'énerver. Certaines
lois pourraient coincer au Parlement, d'autant plus que les centristes se sont
détournés de François Hollande, élections obligent. Le chef de l'Etat a déjà
demandé à ses ministres d'en passer, si possible, par des décrets, ou... des
ordonnances, l'arme absolue des gouvernements confrontés à des décisions impopulaires.

 

François Hollande veut vraiment faire bouger les
lignes ?

 

Le chef de l'Etat, qui en a
sans doute assez d'incarner, sondage après sondage, un président aussi
sympathique qu'incompétent, souhaite se débarrasser des oripeaux de ce nouveau
programme commun que lui a imposé, en 2011, un Parti Socialiste version Aubry
qu'il fallait conquérir lors de la primaire. Le pacte aux entreprises, s'il ne
reste pas lettre morte, se veut d'inspiration sociale démocrate,  voire sociale libérale européenne. En phase
avec l'Allemagne de Mme Merkel, qui, forte de son alliance avec le SPD, menace
de creuser l'écart économique avec la France. Il est
temps pour François Hollande de se mettre en cohérence avec lui-même, à la
condition de ne pas désespérer des électeurs déjà tentés de rester chez eux en
cette année très électorale.

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