Couronnement de Charles III : qui est Justin Welby, l’archevêque qui posera la lourde couronne de Saint Edouard sur la tête du roi ?
Personnage central du couronnement de Charles III, samedi 6 avril, l’archevêque de Canterbury, 67 ans, accompagne la vie de la famille royale dans tous les grands moments : l’enterrement d’Elizabeth, c’était lui. La souveraine l’avait elle-même ordonné archevêque en 2012. Justin Welby a aussi baptisé Georges, Charlotte et Louis de Galles, les enfants de William et Kate. Il a marié deux fois Harry et Meghan ! Le mariage officiel, devant le monde entier le 19 mai 2018, mais aussi la cérémonie secrète, trois jours avant. Le prince et la princesse rebelle l’avaient appelé pour lui demander une union plus intime et il avait accepté. Eux-mêmes l’ont révélé lors de leur interview vérité devant Oprah Winfrey.
>>> Royaume-Uni : le roi Charles III s'offre un bain de foule à Londres, à la veille de son couronnement
Le couronnement de samedi, évidemment, c’est encore autre chose pour Justin Welby. D’ailleurs ça l’empêche de dormir, comme il le disait sur Channel 4 en tout début d’année. "J’en fais déjà des cauchemars !, révèle l’archevêque faisant éclater de rire la journaliste. Il y a deux jours, j’ai rêvé qu'on arrivait au moment fatidique. Et j’avais laissé la couronne chez moi au palais de Lambeth ! Je cherchais partout, le roi me regardait. Donc manifestement ça me perturbe pas mal, oui ! L’homme d’église s’empresse toutefois d’ajouter que "c’est un immense honneur et un privilège. Ce week-end de couronnement va être un moment de rassemblement pour tout le pays". Immense privilège puisqu’il est le premier archevêque à couronner un souverain britannique depuis 70 ans !
Des révélations dans la presse sur son père génétique
On sent pas mal d’humour et un esprit assez ouvert chez cet homme dont le parcours est jalonné de surprises. Cela commence dès la naissance en 1956 à Londres, avec un père qui n’est pas son père. Jusqu’à ses 60 ans, Justin Welby a cru qu’il était le fils de Welby, un vendeur de whisky, mort en 77, et de sa mère Jane, qui était une assistante de Churchill et qu’il avait été conçu pendant leur lune de miel. Mais en 2016, le Daily Telegraph révèle que son père génétique est en fait le secrétaire personnel de Churchill, Sir Anthony Montague Browne. Il accepte de passer un test ADN qui confirme l’information. Sa mère, 86 ans, dit qu’elle tombe des nues . mais confirme que quelques jours avant de se marier, elle a bien eu une brève liaison "encouragée, dit-elle, par l'alcool".
L’archevêque de Canterbury a de fait, plusieurs fois croisé son vrai père, sans le savoir. Au moment de la révélation, il a en tout cas cette formule : "Je trouve qui je suis dans Jésus-Christ, et non dans la génétique et mon identité ne s'en trouvera jamais changée."
Cadre financier chez Elf à Paris
Avant d’entrer dans l’Église, il a eu une première vie professionnelle et vie de famille qui n’a rien à voir. Après ses études de droit et d’histoire à Cambridge, il se marie, il aura cinq enfants. Et passe 11 ans dans l’industrie pétrolière, dont cinq comme cadre financier chez Elf à Paris, ce qui explique qu’il est parfaitement francophone – il a d’ailleurs toujours une maison dans la Manche. En 1984 de retour à Londres, il gère les projets pétroliers d’Enterprise Oil en Afrique de l'Ouest et en mer du Nord.
Il lâche tout en 1989 – il a alors 33 ans - expliquant que Dieu l’appelle à son service, pour aller étudier la théologie. Il est ordonné prêtre à 37 ans. En fait, il ne s’est jamais remis de la mort de fille ainée de sept mois dans un accident. Il révèlera publiquement qu’il se bat contre la dépression depuis. Dans les années 2000, il dirige le "Centre international pour la réconciliation", avec des missions au Nigéria où il manque de se faire tuer plusieurs fois. Il est aussi doyen de la cathédrale de Liverpool et en même temps consul honoraire de France !!
Depuis plus de 10 ans qu'il est le primat de l'église d'Angleterre, certaines de ses prises de positions continuent de faire un peu de bruit. En février dernier , après cinq ans de débat, il a fait voter, par le synode anglican, le fait que les couples homosexuels peuvent désormais être bénis. Justin Welby lui-même était au bord des larmes. "J'ai bien conscience que cette mesure va trop loin pour certains, et pas assez pour d'autres", expliquait-t-il à l'époque. On l'a aussi entendu critiquer la politique d'immigration britannique, il avait d'ailleurs accueilli une famille syrienne chez lui. Avec le roi, on les dit plutôt en phase. Notamment sur cette idée de Charles pour le couronnement : l'archevêque aura symboliquement à ses côtés des représentants de confession juive, musulmane, hindoue et sikh.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.