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Obsèques de Shinzo Abe au Japon : qu’est-ce que la secte Moon au cœur des motivations de l’assassin de l’ancien Premier ministre ?

L’intrus de l’actu donne chaque soir un coup de projecteur sur une personnalité qui aurait pu passer sous les radars de l’actualité.

Article rédigé par franceinfo - Bérengère Bonte
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
La cérémonie d'adieu à Sun Myung Moon, le fondateur de l'Eglise de l'unification, lors de ses funérailles, à Gapyeong (Corée du Sud), le 15 septembre 2012. (KIM JAE-HWAN / AFP)

Le meurtrier présumé de Shinzo Abe avait expliqué que son geste était destiné à le venger de cette organisation chrétienne qui avait, selon lui, ruiné sa famille. Son chef, le révérend Moon, autoproclamé messie, était également un homme d'affaires."Eglise de l’unification" - c’est son nom officiel - "Toitsu Kyokai" en japonais, même si c'est surtout de Corée du sud que proviennent régulièrement des nouvelles de la secte Moon à travers ces mariages groupés assez spectaculaires dans les stades. Plusieurs milliers de couples, même tenue - costume noir pour les hommes, robe blanche pour les femmes - tous en cœur se disent "oui".

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En 2018, une jeune mariée, Jung-So Hye, témoignait devant la caméra de l'AFP aux côtés d'un époux qu'elle connaissait à peine manifestement. "Je n'étais pas sûre au début mais dans mes rêves, mon véritable père m'a dit que c'était le bon. J'ai réalisé que c'était le bon partenaire pour moi et j'ai décidé d'être bénie par le mariage".

En février 2020, en pleine épidémie de Covid-19, 6 000 couples avaient été unis dans un stade plein comme un œuf, en présence de 18 000 invités. Pratiquement tous sans masque. Ils avaient fait valoir que c’était le centième anniversaire de la naissance du gourou Moon, mort en 2012… Et que "l’amour de la secte" les "mettaient à l’abri du virus". Les couples venaient pourtant de 64 pays différents, et la plupart ne se connaissaient pas.

Chef d'Eglise et d'un empire économique

Le révérend Moon nait en 1920 en Corée du Nord, de son nom complet Sun Myung Moon. Il a 92 ans lorsqu’il meurt milliardaire il y a 10 ans. Jusqu’à son dernier souffle, il aura expliqué avoir vu Jésus à l'âge de 15 ans. Jésus lui aurait demandé de poursuivre sa mission sur terre. Autoproclamé messie, il fonde cette Eglise de l'unification du christianisme mondial en 1954, célébrant ces mariages géants. En parallèle, il constitue progressivement un empire économique dans la construction, l'éducation, l'alimentaire, les médias avec notamment le Washington Times et même une usine automobile en Corée du Nord.

Il est alors question d'anti-communisme et aussi beaucoup d'argent. Les fidèles sont priés de se séparer de leurs biens, selon les préceptes du livre de Moon Les principes divins. Et pour s'assurer le salut, le mieux est d'acheter toute sorte d'objets aux représentants de la secte. Le mouvement s'implante alors en Asie mais aussi Etats-Unis et en Amérique du Sud et plus tard en Afrique.

Le nombre d’adeptes a toujours été difficile à évaluer. Les années fastes concernent les décennies 1980 et 1990. Selon la Miviludes (Mission interministérielle française de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires), à la mort de Moon en 2012, il restait dans le Monde trois millions d'adeptes. En France, tout au plus 200 ou 300. Il n'y a pas de chiffres récents. Ces dix dernières années, la Miviludes, qui n'a pas de pouvoir d'enquête, a reçu 12 signalements sans pouvoir conclure à aucune réelle dérive sectaire.

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