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Liz Truss succède à Boris Johnson au Royaume-Uni : qui est Keir Starmer, le leader travailliste depuis deux ans et demi ?

L’intrus de l’actu donne chaque soir un coup de projecteur sur une personnalité qui aurait pu passer sous les radars de l’actualité.

Article rédigé par franceinfo
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Keir Starmer, leader du parti travailliste, le 7 juillet 2022. (ADRIAN DENNIS / AFP)

"Don’t pay the bill" ["Ne payez pas vos factures"] C’est le mouvement social qui monte au Royaume Uni. À priori, un boulevard pour la gauche ? Et bien non. Alors que la nouvelle Première ministre libérale, Liz Truss, prend ses fonctions à Londres, l’intrus de ce soir s’appelle donc Keir Starmer, leader travailliste depuis deux ans et demi. Je suis sûre que même son nom ne dit rien à beaucoup de ceux qui nous lisent.

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Pourtant, quand il a pris les commandes du Labour en avril 2020, il était l’homme qui devait rassembler la gauche et lui redonner des couleurs. À la fois grand avocat des droits de l'homme – procureur général et fan de foot. Un peu aristo mais toujours populaire. Anobli par la Reine tout en étant issu d’une famille modeste : un père ouvrier et une mère infirmière. Son prénom Keir, vient d’ailleurs du fondateur du Parti travailliste James Keir Hardie.

Keir Starmer, le rassembleur

Sir Keir Stamer a été le "monsieur Brexit" du Parti travailliste. Venu à la politique assez tard – élu pour la première fois en 2016, à 54 ans. C’est lui, le juriste, qui a bataillé avec le gouvernement conservateur quand il a fallu organiser la sortie de l’Union européenne. Qui a bataillé aussi avec Jérémy Corbyn, son patron, pour obtenir un deuxième référendum. Et après la déconfiture des législatives lorsque Jérémy Corbyn – beaucoup plus à gauche que lui donc – a décidé de passer la main, son grand projet a été d’aller reconquérir les anciens bastions délaissés par les travaillistes, sans oublier sa propre circonscription de Saint Pancras, au centre de Londres.

Dans son clip de campagne, il rappelait qu’il était opposé à la guerre en Irak, qu’en 1990, il avait défendu, comme avocat, les manifestants interpellés par la police de Margareth Thatcher. Le tout, tiré à quatre épingles, jamais une mèche qui dépasse. "J’ai passé ma vie à me battre pour la justice, déclare Sir Keir. Me levant pour ceux qui n’ont pas le pouvoir et contre ceux qui l’ont. Je crois qu’un autre futur reste possible. Où le pouvoir peut amener tant d’opportunités pour toutes nos communautés. Un autre futur pour notre parti aussi… nous pouvons mettre nos divisions de côté. Et nous unir sur un programme radical. "

Une image de gendre idéal sans charisme

L’ennui c’est que, chassez le naturel, il revient au galop. Il y a un parallèle qui circule beaucoup : vous vous souvenez du journal de Bridget Jones, avec Colin Firth qui joue le rôle de Marc Darcy, le gendre idéal, tout en self contrôle, pas drôle. Dans tous les portraits de Keir Starmer, il est écrit qu’il aurait inspiré le personnage de Marc Darcy. Ce qui n’a à peu près aucun sens parce que le roman a été publié en 1996 que le personnage avait même été créé quelques années auparavant dans un journal. Mais ça en dit long sur cette image qui lui colle à la peau.

Un moment les observateurs ont pensé que sa femme allait augmenter son capital sympathie. Au moment du confinement, on l’a vue applaudir les personnels de santé sur leur balcon, pas maquillée. Mais l’un et l’autre se refusent à exposer leur vie privée. Bref, ce côté un peu terne, peu charismatique, pas assez rentre-dedans, notamment durant ce dernier été de grogne sociale, le pénalise. Même si il faut le souligner, le parti travailliste lui, a repris du poil de la bête depuis qu’il est aux commandes. "Il aurait dû être beaucoup plus visible, explique Rainbow Murray, professeur de sciences politiques de l’université Queen Mary de Londres. C'est quelqu'un qui ne fait pas assez d'attaques. Il n'est pas assez combatif. Si on regarde les sondages, on voit qu'il a quand même 12 points d'avance. Il a changé la direction du parti. C'est vrai, que c'est Boris Johnson l'a beaucoup aidé parce que les gens ne sont pas seulement attirés par le parti travailliste mais ils sont effrayés par le parti conservateur."

"Si ion avait une élection demain, je penser que le Parti travailliste gagnerait. Déjà c'est quelque chose qu'on ne pouvait pas dire il y a cinq ans."

Rainbow Murray, professeur de sciences politiques

à franceinfo

Il reste deux ans à Keir Starmer avant les prochaines législatives. Il ne se transformera pas en showman comme un Tony Blair, mais il lui reste à se muer en Premier ministre de ce parti travailliste désormais en tête des sondages, sauf bien sûr si Liz Truss, fait des miracles.

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